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L’Europe menace de taxer Levi’s : vers une guerre commerciale avec les USA?

By Herve Dewintre

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Donald Trump n’a jamais fait dans la dentelle mais ses formules, à défaut de finesse, ont le mérite de la concision et de la franchise. Le président des Etats-Unis prévient avant de frapper. Ainsi, le jeudi 1er Mars, le chef de la Maison Blanche a annoncé – ou plutôt menacé - d’introduire dès la semaine prochaine des taxes douanières de 25 pour cent sur les importations d’acier et de 10 pour cent sur celles d’aluminium. Une attaque en bonne et due forme de l’UE qui a décidé de rendre coup pour coup, et rapidement.

Ce n’est pas la première fois que les Etats Unis décident ex-abrupto de taxer ses importations d’acier: le président George Bush avait déjà pris cette décision en 2002. L’OMC s’était opposée à ces taxes qui avaient valu aux USA une amende de 2 milliards de dollars l’année suivante tandis que l’indice boursier S&P 500 perdait près de 30 pour cent et que le dollar faiblissait. Cela a été suffisant pour que les USA revoient leur décision.

Ce précèdent n’inquiète visiblement pas l’actuel président des Etats-Unis: ces mesures protectionnistes, qui s’apparentent à du nationalisme économique, s’inscrivent dans un programme politique qui sera largement compris par ses concitoyens et ses électeurs éclairés si besoin par quelques tweets lapidaires. Du coté des pays producteurs, la crispation est totale. Vendredi soir, lors d’une réception auprès du maire de Hambourg, Jean-Claude Juncker a signifié que la riposte pourrait être brutale “Nous serons aussi stupides qu’eux” a averti le président de la Commission Européenne. Une manière de dire que si les Etats-Unis souhaitent instaurer des barrières, l’Europe peut en faire autant.

La liste “punitive” de l’Union Européenne

Une guerre commerciale avec les Etats-Unis? Tout le monde s’interdit de prononcer des mots aussi forts, mais chacun y pense. Au lendemain de la déclaration de Donald Trump, l’UE annonçait à son tour des mesures de rétorsion. L’UE, à vrai dire, avait eu le temps de préparer sa riposte : les services de la commission européenne planchaient sur le sujet depuis le printemps 2017, suite à la première évocation de la part des USA, de l’érection de barrières douanières avec le reste du monde.

Cette riposte prend la forme d’une liste de entreprises américaines légendaires et emblématiques, des entreprises susceptibles de se voir imposer de lourdes taxes à leur entrée dans l’UE. Parmi celles ci, figurent les jeans Levi’s. Pourquoi Levi’s et non Marc Jacobs ? On comprend bien qu’il s’agit avant tout d’une bataille de symboles. Levi’s, dans l’imaginaire mondiale, incarne l’essence de la mythologie américaine. Tout comme les motos Harley-Davidson ou le Bourbon qui figurent également dans cette liste « punitive ».

Cette liste n’a pas encore été définitivement arrêtée. Nul ne sait à l’heure actuelle si d’autres marques seront concernées par ces mesures de rétorsions. La liste définitive doit être validée mercredi 7 mars par le collège des commissaires. L’UE exporte pour 6 milliards d’euros d’acier et d’aluminium aux USA. Or, selon les règles de l’OMC, les états lésés peuvent prendre des mesures punitives sur des volumes équivalents à ceux des exportations pénalisées. Donald Trump sait donc qu’une réponse proportionnée - et donc massive - est possible de la part de l’UE : en 2002, Bush avait capitulé devant la menace de ses partenaires d’imposer des droits de douane allant jusqu’à 2,2 milliards de dollars sur des produits américains, dont des fruits, des chaussures, des chaussures, des t-shirt en coton et des slips. Trump cédera-t’il à son tour face à cette menace ? Lundi après midi, Emmanuel Macron a indiqué qu’il était partisan d’une réponse ferme et rapide: “c’est du nationalisme économique”, a estimé le président de la république française ajoutant quelques minutes plus tard: “le nationalisme, c’est la guerre.”

Crédit photo : capture d’écran www.levi.com

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