Emerson Renaldi : la directrice, Olivia Pfeiff, revient sur la stratégie des marques pour gagner la confiance des clients

Chez Emerson Renaldi, tous les signes pointent vers l’expansion. Avec l’ouverture d’un nouveau site à Telfs, en Autriche, le détaillant de mode de luxe de Nuremberg explore de nouvelles voies, tant géographiques que stratégiques.

Dans cette interview, Olivia Pfeiff nous explique les raisons du choix de cet emplacement. La directrice générale de l’entreprise familiale évoque également les tendances actuelles et la manière dont les marques peuvent gagner la confiance de leurs clients dans un contexte de changement des comportements de consommation.

Emerson Renaldi est en pleine expansion. Pourquoi avoir choisi cet emplacement autrichien, à Telfs ?

J’ai trouvé l’idée incroyablement intéressante de présenter cette mode de luxe moderne dans un contexte totalement nouveau, en dehors de l’environnement urbain classique auquel nous sommes habitués. Telfs est située au cœur des Alpes et, avec son décor exceptionnel, elle offre un cadre parfait pour l’ADN d’Emerson Renaldi : moderne, haut de gamme et résolument différent. Sa position stratégique sur l’axe Nuremberg-Augsbourg-Innsbruck en fait également un carrefour important, notamment pour les vacanciers et les visiteurs internationaux. Pour nous, Telfs était donc une évolution tout à fait logique, compte tenu de la culture des vacances et des loisirs. Enfin, le site lui-même a une longue tradition, notamment dans le domaine de la mode haut de gamme. La haute couture n’y est pas un concept étranger, bien au contraire, elle y a depuis longtemps trouvé sa place.

D’autres ouvertures sont-elles prévues ?

Pour l’instant, aucune autre ouverture n’est prévue. Mais cela dépend bien-sûr toujours de la situation. Le site de Telfs n’était pas non plus prévu au départ ; il est tout simplement né d’une occasion particulière. Il ne faut donc jamais dire « jamais » dans la vie. Si une opportunité intéressante se présente et qu’elle nous convient, nous n’excluons rien.

Avec le site tyrolien, vous élargissez également le segment des vêtements de vacances. Quelles sont les tendances qui domineront la saison des vacances l’année prochaine ?

Pour les vacances d’hiver, et plus particulièrement pour la saison de ski, l’accent est mis sur les matières de haute qualité. La fourrure sous toutes ses formes et la peau d’agneau, longue ou courte, sont des incontournables. Ces pièces peuvent être portées aussi bien dans les stations alpines que dans un environnement urbain. À cela s’ajoutent les motifs classiques de tricot norvégien et le cachemire luxueux. Pour les fêtes de fin d’année, on peut oser des tenues plus « audacieuses » et glamour : les looks voyants qui affirment une personnalité sont clairement tendance.

Et en été ?

Pour les vacances d’été, nous voyons beaucoup de féminité et de légèreté : les détails en crochet à la Miu Miu, les accessoires en raphia et le look lingerie font un retour en force.

Qu’est-ce qui va s’imposer pour le printemps-été 2026 ?

Le style bohème, tel que l’interprète Chloé, reste un thème important. Les couleurs sorbet, le bleu clair délicat, le rose tendre dominent, et le jaune beurre reste sans aucun doute d’actualité.

Les défilés de mode masculine sont déjà terminés. Qu’en retenez-vous ?

Ce qui était très clair, c’est que l’homme adopte un style plus calme. Moins « fantaisiste », moins de logos voyants, mais une priorité accordée à la qualité et au haut de gamme. Les coupes et les matières classiques jouent un rôle important, mais réinterprétées de façon moderne, sans paraître démodées. Dans l’ensemble, la mode masculine est plus élégante, intemporelle et réfléchie, une tendance qui correspond parfaitement à l’état d’esprit actuel.

Quels sont les produits et les styles qui se vendent bien chez vous en ce moment ?

Nos clients privilégient actuellement les looks épurés et minimalistes, des pièces intemporelles qui ne sont pas liées à une saison particulière et qui peuvent être portées pendant des années. Les pièces d’investissement de haute qualité, par exemple de The Row ou de Bottega Veneta, sont particulièrement recherchées. Celles qui préfèrent un style plus féminin optent volontiers pour des looks sélectionnés de Prada ou de Miu Miu.

Quel est votre « indispensable de l’été » personnel ?

En ce moment, je porte surtout un caftan de Saint Laurent, qui est décontracté et incroyablement polyvalent. Mon autre pièce préférée est une robe en crochet, également de Saint Laurent. Sinon, j’adore les ensembles en soie colorés d’Alemais.

Y a-t-il des marques qui sont particulièrement populaires auprès de vos clients ?

Miu Miu, Prada et Bottega Veneta font partie du top 3. Nos clients aiment également Celine, Alaïa et The Row.

Quelle est l’ambiance chez vos clients ? La réticence persistante à consommer est-elle toujours perceptible ?

Oui, la réticence est toujours perceptible, surtout par rapport aux années précédentes. Il est donc d’autant plus important d’agir et de redonner aux clients le goût de la mode. Cela n’est possible qu’avec beaucoup d’engagement : par un suivi personnel et intensif et des expériences particulières, comme des événements exclusifs, qui rendent le shopping à nouveau émotionnel et inspirant. Il s’agit de maintenir vivant le plaisir de la découverte et de l’expérimentation.

Quels sont les autres sujets qui préoccupent actuellement le secteur de la mode de luxe ?

L’évolution des comportements de consommation est sans aucun doute un thème central. Les clients veulent aujourd’hui acheter de façon plus consciente et plus éclairée. Ils posent davantage de questions, comparent plus attentivement et accordent une grande importance à la transparence.

Les fortes hausses de prix de ces dernières années ont également entraîné une plus forte demande de pièces intemporelles et durables que de tendances éphémères. Il s’agit de plus en plus de privilégier la qualité à la quantité, c’est-à-dire d’investir dans des pièces que l’on peut porter pendant de nombreuses années.

L’attitude des marques à l’égard des soldes joue également un rôle important : les marques qui misent résolument sur le « pas de soldes » gagnent de plus en plus la confiance de nos clients et sont perçues de façon particulièrement positive. Dans le même temps, on attend des promotions qu’elles soient mieux réglementées et clairement communiquées, sans remises permanentes qui dévaluent le produit.

Quelles sont vos attentes pour le second semestre ?

Nous abordons le second semestre avec optimisme et espérons que nos clients adhéreront massivement à l’offre. Les nouvelles tendances automne-hiver, en particulier les matières luxueuses comme le cuir, la fourrure et les bottes haut de gamme, ont un fort potentiel. Dans le même temps, nous sentons que la volonté d’investir à nouveau dans des pièces spéciales, dans une qualité durable, est de plus en plus forte. Si nous parvenons à créer les bonnes impulsions et à inspirer nos clients, nous envisageons la saison à venir avec confiance.

Pour conclure : quels seront vos résultats probables en 2025 ?

Nous abordons le second semestre avec un optimisme prudent et espérons pouvoir égaler les résultats de l’année précédente. Bien sûr, le contexte économique reste difficile, mais avec un objectif clair et des collections fortes, nous sommes convaincus que nous pourrons également conclure 2025 avec succès.

Cette interview a été réalisée par écrit.

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