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Entre attrait et spéculation : le vrai rendement des it-bags sur le marché de la seconde main

Les sacs de luxe de seconde main représentent aujourd'hui un actif potentiellement rentable pour les consommateurs. Mais quels sont les modèles les plus sûrs pour réaliser des investissements ?

Dans un récent rapport, la plateforme de mode vintage Vestiaire Collective a révélé les prix de revente actuels de sacs de luxe iconiques et les a comparés à leurs prix initiaux lors de leur sortie en boutique.

  • Sac Chanel Timeless/Classic : lancé en 1983 autour de 1 000 euros.
    Prix actuel en boutique : 10 300 euros.
    Prix actuel en seconde main : 2 500 euros.

  • Sac Louis Vuitton Speedy 30 : lancé dès 1930 mais encore vendu environ 270 € en 1985.
    Prix actuel en boutique : 1 650 euros
    Prix actuel en seconde main : autour de 445 euros

  • Sac Gucci Jackie, lancé dans les années 1960 pour environ de 220 euros.
    Prix actuel en boutique : 3 500 euros
    Prix actuel en seconde main : 814 euros

  • Sac Dior Saddle : lancé au début des années 2000 autour de 1 200 euros.
    Prix actuel en boutique : 3 900 euros.
    Prix actuel en seconde main : à partir de 1 035 euros.

  • Sac Fendi Baguette : lancé à la fin des années 1990 autour de 1 200 euros.
    Prix actuel en boutique : 3 000 euros
    Prix actuel du modèle en seconde main : 770 euros

  • Sac Hermès Birkin 35 : lancé en 1984 autour de 1 800 euros.
    Prix actuel en boutique : plus de 10 600 euros.
    Prix actuel du modèle en seconde main : à partir de 5 900 euros.

Quand un sac Timeless de Chanel ne valait « que » 1 000 euros en boutique

Alors qu'en 1983, la maison Chanel commercialisait son sac Chanel Timeless (dit aussi Classic) autour de 1 000 euros, une quarantaine d’années plus tard celui-ci vaut 2 500 euros sur les plateformes de seconde main. Ces chiffres, tout comme ceux donnés par Vestiaire Collective pour le modèle Speedy de Louis Vuitton ou le sac Baguette de Fendi sont à nuancer. Il convient en effet de rappeler que les prix de revente dépendent de nombreux facteurs : l'état de l'article, le type de cuir, le type d’édition (limitée ou non) mais également le canal de revente.

Par exemple, on aura plus de chance de trouver le sac Birkin 35 de la griffe Hermès à un prix moins élevé sur un site d’e-commerce de seconde main que chez la maison de vente aux enchères Sotheby’s, où le prix de départ se situe actuellement autour de 7 800 euros (contre 5 900 euros chez Vestiaire Collective). La maison indique d’ailleurs sur son site web que « la plupart des Birkins vendues par Sotheby's se situent dans une fourchette de prix comprise entre 20 000 dollars et 30 000 dollars pour les modèles en cuir. » La raison : Sotheby’s est un établissement de prestige, spécialisé dans les sacs rares, souvent en état impeccable, qui bénéficient d’une expertise reconnue, d’une force de frappe marketing importante et d’une notoriété élevée qui s’accompagne d’un large réseau de collectionneurs. Tout cela justifie des prix plus élevés.

Sac Birkin d'Hermès. Credits: Vestiaire Collective

Quand l'achat d'un sac de luxe neuf devient-il un bon investissement ?

Aujourd’hui, l’acquisition d’un sac de luxe neuf (en dehors des sacs de la maison française Hermès ou des modèles difficiles à acquérir en boutique) ne mène pas souvent à un investissement rentable sur le court ou le moyen terme. La raison : ces dernières années les marques de luxe ont mené une stratégie agressive de montée en gamme, augmentant leur prix à un rythme effréné sur plusieurs décennies, bien plus vite que l'inflation.

Le prix auquel le sac aura été acheté en boutique étant déjà très élevé, si l'article en question n’est pas un modèle particulièrement rare, il est probable qu’il faille attendre de nombreuses années avant de pouvoir revendre la pièce à un prix plus élevé que son prix d’achat initial. Puis, pour que le sac devienne un « investissement rentable » à long terme, plusieurs facteurs entrent en jeu : la griffe devra continuer d'augmenter ses prix de manière très agressive, le marché de la revente devra suivre cette augmentation, son état devra rester impeccable et la qualité être toujours au rendez-vous.

La situation est différente pour les modèles en pénurie ou non disponibles facilement en magasin, comme par exemple le modèle Kelly d'Hermès. Dans ce cas, le prix de revente sur le marché de la seconde main peut atteindre jusqu'à deux fois et demie le prix pratiqué en boutique.

Evolution du prix d'un sac Chanel en boutique puis en seconde main. Credits: Vestiaire Collective.

L’augmentation des prix du neuf : quelle influence ?

On notera qu’entre 2019 et 2024, la maison Chanel a augmenté le prix de ses sacs de 54 %. La marque justifie ces hausses par sa volonté de renforcer la valeur de son image tout en visant une exclusivité comparable à celle d’Hermès, selon un article du Financial Times.

Cette stratégie contribue à augmenter la valeur des sacs sur le marché de la seconde main mais ne garantit pas pour autant que le prix de revente dépasse celui de l’achat en boutique aussi rapidement que les modèles Hermès. Pour cela, il faudrait que Chanel limite encore plus la production ou la disponibilité de certains sacs et que ces produits atteignent un haut degré de désirabilité, ce qui est possible avec l’arrivée de Matthieu Blazy à la tête de la direction créative de la maison, l’un des plus influents talents de la mode contemporaine.

Acheter en seconde main pour investir

Si un acheteur acquiert un sac vintage Jackie de Gucci autour de 814 euros (prix indicatif de Vestiaire Collective), cela ne signifie pas pour autant qu’il réalisera une plus-value à la revente mais plutôt qu’il aura plus de chances de garantir une faible perte de valeur. L'investissement réussi dépendra de l'évolution du prix du neuf, de l’état de conservation du sac et de sa rareté (plus un sac devient rare, plus son prix peut être élevé).

Acquérir un sac d’occasion avec la volonté de le revendre plus cher que le prix auquel on l’aura acquis nécessite de s’intéresser aux tendances du marché, à l’histoire des marques et à leurs projets futurs. D’autant plus si l’on souhaite mettre la main sur des pièces qui sont pour le moment en dehors des radars.

Dans cette optique, il pourrait être par exemple judicieux de regarder du côté de certains modèles de la marque Versace. La griffe italienne a été acquise en avril 2025 par le groupe Prada et devrait donc bénéficier d’une nouvelle visibilité et d’une revitalisation qui pourrait notamment passer par la réédition de ses produits iconiques, et donc influencer la cote de certains sacs Versace sur le marché de la seconde main.

Patience et bon timing

Au-delà des facteurs cités précédemment (état, rareté, etc.), la question du timing est centrale pour réaliser une plus-value. Si la revente d’un sac de luxe iconique et neuf mais facilement accessible en première main et non issue d’une édition limitée ne pourra pas, dans la majorité des cas, être revendu plus cher (que le prix auquel on l’a acheté) à court ou moyen terme, il pourrait néanmoins être intéressant de le conserver dans son dustbag ou sa boîte pour le léguer à un tiers. Comme le démontrent les chiffres indiqués plus haut par la plateforme Vestiaire Collective, les modèles iconiques ont des chances d’être revendus plus cher dans une trentaine d’années.

La tendance joue aussi un rôle dans la cote des sacs de luxe. Le Saddle Bag de Dior en est un bon exemple. Longtemps oubliée après sa création dans les années 2000, la pièce a vu sa cote faire un bon en quelques mois grâce au revival Y2K et aux campagnes de célébrités.

Enfin, la réédition d’un sac par une maison de luxe pourra aussi faire grimper la côte du modèle original sur le marché de la seconde main. Ce fut par exemple le cas du modèle Baguette créé en 1997 par la maison italienne Fendi.


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