Le patron de la fédération horlogère s'attend à une année encore compliquée pour les montres suisses

Genève - L'horlogerie suisse a déjà connu une année difficile l'an passé avec la chute de la demande pour les produits de luxe en Chine. Mais au salon horloger qui se tient cette semaine à Genève, les regards se tournent avec appréhensions vers les États-Unis, le gros débouché pour les fabricants de montres suisses.

Le président de la fédération horlogère, Yves Bugmann, reste toutefois confiant pour ce marché, même s'il s'attend à une nouvelle année "compliquée" pour l'horlogerie, le troisième secteur d'exportation du pays.

En 2024, les exportations de montres suisses se sont chiffrées à 26 milliards de francs suisses (27,2 milliards d'euros), en repli de 2,8% après avoir battu record sur record trois années de suite.

Quelles sont vos prévisions pour 2025 ?

Nous tablons sur une évolution relativement stable, comparable à 2024. Le haut de gamme résiste mieux, donc je suis relativement confiant pour ce segment de prix-là. L'année restera compliquée, en particulier pour la sous-traitance. Il y a beaucoup d'insécurité sur les marchés actuellement. Mais il y a toujours des perspectives intéressantes sur certains marchés à moyen et à long terme, comme en Inde ou au Japon où on a de belles performances. Il y a aussi le marché thaïlandais, avec qui (la Suisse) vient de signer un accord de libre échange.

Avec des exportations en baisse de 6,7% en février aux États-Unis, faut-il voir le premier signe d'un retournement de la demande de montres suisses sur ce marché, après quatre années de croissance ?

Non, je ne pense pas. C'est une période trop courte pour en tirer des conclusions. En 2024, les États-Unis ont très bien performé. Les États-Unis ont aussi montré une belle performance en janvier 2025 mais ont subi une baisse en février.

Si on prend les deux premiers mois ensembles, les États-Unis sont toujours plutôt positifs. Il est encore trop tôt. Il faut observer la tendance sur plusieurs mois pour véritablement avoir une meilleure idée de la situation.

Le fléchissement de différents indicateurs sur la consommation aux États-Unis ne risque-t-il pas d'affecter la demande pour les montres ?

Moi, je table sur une évolution positive en 2025 du marché américain. Il y a toujours du potentiel sur (ce) marché. Mais cela dépendra un peu aussi de la politique du gouvernement américain.

Les droits de douanes peuvent bien évidemment avoir un impact sur les ventes aux États-Unis. Cela n'est pas bon pour les consommateurs. Cela risque de creuser l'inflation. On risque une récession, ce qui fait que la banque centrale américaine, la Fed, pourrait aussi adapter les taux. Donc ça n'est pas une bonne évolution pour le marché américain, tout court.

Si la Bourse chute, cela peut aussi avoir une influence sur les ventes. En même, temps c'est une évolution à très court terme, donc il faut vraiment avoir une perspective un peu plus longue pour se prononcer.