L'étude Newmark : comment l'avenue des Champs-Élysées a repris l'avantage sur la 5e Avenue et Oxford Street

Longtemps critiquée pour son uniformisation et son éloignement des Parisiens, l’avenue des Champs-Élysées connaît aujourd’hui un véritable rebond. C’est ce que met en lumière la dernière étude de Newmark, qui compare son évolution à celle de la 5e Avenue à New York et d’Oxford Street à Londres. Les données convergent vers une même réalité : la « plus belle avenue du monde » n’est plus seulement un symbole culturel, elle se redessine désormais comme un laboratoire du retail global.

Un modèle de résilience post-pandémie

Comme leurs homologues internationales, les Champs-Élysées ont su rebondir de manière spectaculaire après la crise sanitaire. Les chiffres le confirment : les flux piétons ont augmenté de près de 10% par rapport à la moyenne 2021-2023, et le taux de vacance commerciale a atteint le niveau historiquement bas de 3,5%. Ce retour en force, alimenté par le tourisme et une forte demande des enseignes, ravive l'intérêt des investisseurs pour les biens immobiliers de l'avenue.

Les Champs-Élysées ne sont pas qu’une simple artère parisienne, elles sont une marque à part entière. Synonyme de prestige, l'avenue demeure une vitrine incontournable pour les grandes enseignes mondiales. L’étude de Newmark révèle d'ailleurs que les internautes américains et brésiliens sont parmi les plus nombreux à la rechercher en ligne, ce qui prouve que son aura dépasse largement les frontières de l'Europe.

Le flagship, moteur de transformation

Véritables locomotives des grandes artères, les flagships jouent sur les Champs-Élysées un rôle de catalyseur. Plus que de simples magasins, ces espaces sont devenus de véritables outils de communication et d'expérience pour les marques. L’arrivée de Miniso, par exemple, avec son plus grand magasin d’Europe sur l’avenue, a ainsi triplé sa visibilité en ligne en un an. C'est un pari stratégique qui illustre parfaitement la puissance de l’avenue comme caisse de résonance pour les marques.

Cette dynamique a d'ailleurs transformé le mix commercial en profondeur. Le luxe, qui ne représentait que 9% des enseignes en 2017, pèse désormais 28%. Mais ce qui distingue les Champs, c'est l’essor du sportswear premium, avec Nike, Adidas et l’arrivée d’Alo Yoga. Ce mélange unique de luxe, de sport et de mass-market confère à l’avenue une identité hybride, bien différente de la 5e Avenue de New York, qui reste plus exclusivement axée sur le luxe.

Les défis de demain

Les trois enjeux majeurs mis en lumière par l'étude pour que cette renaissance soit durable sont de préserver la singularité de l'avenue, de reconquérir les Parisiens, et d'adapter son offre immobilière. Avec 14 enseignes communes aux grandes artères mondiales, le risque d’uniformisation est bien réel. Pour conserver son identité unique, l’avenue devra intégrer davantage de concepts originaux et de marques françaises. De plus, jugée trop touristique, l’avenue a perdu son rôle de lieu de vie pour les habitants. Le plan « Réenchanter les Champs-Élysées », qui prévoit plus de verdure et une piétonnisation accrue, sera la clé pour renouer ce lien. Enfin, l'avenue, limitée physiquement, doit compenser sa rareté foncière par une restructuration d'immeubles pour proposer des surfaces modernes et adaptées aux besoins des flagships de nouvelle génération.

Une vitrine internationale qui se réinvente

Au-delà du luxe et du sport, l’avenir des Champs-Élysées passera par une vision plus globale. L'avenue doit renforcer l’expérience client et consolider le lien entre le monde physique et digital. L'émergence des flagships immersifs, l’intégration de la restauration et de la culture ou encore le développement du retailtainment sont autant de leviers pour consolider le statut de l'avenue comme vitrine mondiale du commerce.

L'étude met d'ailleurs en lumière les grandes tendances qui façonneront le commerce de demain et qui sont déjà à l'œuvre sur l'avenue. On assiste à la fin du "retail anonyme", où les enseignes cherchent à transformer chaque visiteur en un client identifié. Le storytelling devient un facteur clé de différenciation, et les marques encouragent la création de contenu par leurs propres clients et employés, transformant ainsi chaque vendeur en ambassadeur. L’avenue devient le terrain de jeu de ces collaborations artistiques ou événementielles, qui renforcent l'authenticité et l'engagement.

L'intelligence artificielle jouera aussi un rôle central. L'IA permettra d'automatiser des tâches opérationnelles pour que les marques puissent se concentrer sur l'essentiel : la créativité et la relation client. Ce commerce du futur, où la donnée et la technologie sont au service de l'expérience, trouve sur les Champs-Élysées son terrain d'expression idéal.

En définitive, si les Champs-Élysées partagent avec New York et Londres les défis du commerce mondialisé, elles bénéficient d’un atout majeur : une aura internationale qui dépasse largement leur ancrage parisien. L’analyse des recherches en ligne montre que, là où Oxford Street séduit surtout les Britanniques, l’avenue parisienne attire massivement les internautes étrangers, Américains en tête. Preuve que sa transformation, loin d’être locale, se joue déjà sous le regard du monde entier.