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“Point de non-retour” : l’industrie textile européenne tire la sonnette d’alarme face à Temu

Alors que la plateforme ultra low-cost Temu renforce sa présence logistique en Europe, l’industrie textile européenne multiplie les mises en garde contre un risque de dérégulation et d’affaiblissement industriel.

Comme le rapporte Apparel Resources News-Desk ce 2 décembre 2025, les opérateurs postaux de France, d’Italie et de Pologne viennent de signer coup sur coup des accords avec Temu, facilitant l’entrée de colis chinois sur leurs marchés respectifs.

Des accords nationaux qui inquiètent Bruxelles

En France, la signature en octobre d’un partenariat entre La Poste et Temu avait déjà provoqué une réaction politique. Le ministre du Commerce, Serge Papin, avait évoqué une France « sous attaque » face à la montée en puissance de l’ultra-fast fashion sur le marché hexagonal, rappelle Apparel Resources. Depuis, Poczta Polska et Poste Italiane ont conclu des accords similaires.

Selon la Confédération européenne du textile (Euratex), ces initiatives nationales vont à l’encontre de la trajectoire politique esquissée jusqu’ici par l’Union européenne. L’organisation estime qu’elles « élargissent les failles réglementaires que l’Europe cherchait à refermer », souligne Apparel Resources News-Desk, alors que les fondamentaux industriels se dégradent déjà : la production vestimentaire européenne a reculé de 5 % au premier semestre et l’emploi a chuté de 3 % dans l’habillement et de 4 à 5 % dans le textile. Parallèlement, les importations progressent — + 12,3 % pour les vêtements et + 7,7 % pour les textiles.

« Sans action immédiate et cohérente des États membres et des institutions européennes, les standards européens risquent de perdre leur sens », alerte Euratex, citée par Apparel Resources.

L’organisation réclame des mesures urgentes

Face à cette situation, les organisations professionnelles plaident pour une ligne plus ferme. FashionNetwork rappelle qu’Euratex demande la suppression du régime dit « de minimis », qui exonère de contrôle et de douanes les colis non-UE d’une valeur inférieure à 174 dollars. La confédération exige également l’application stricte des règles de douane, de TVA et de sécurité à tous les colis, quelle que soit leur origine.

Euratex appelle aussi à l’application rapide de la Digital Services Act (DSA) pour contraindre les plateformes étrangères d’ultra-fast fashion à respecter les règles européennes en matière de traçabilité, sécurité et responsabilité des produits.

Une menace structurelle pour l’industrie européenne

L’alerte n’est pas nouvelle. En septembre, Euratex avait déjà signé une déclaration commune contre l’ultra-fast fashion avec une vingtaine de fédérations européennes, « pour pousser les décideurs à accélérer », rappelle Apparel Resources. Son président, Mario Jorge Machado, estime que 100 000 emplois ont été supprimés dans le textile européen, soit près de 10 % des effectifs d’un secteur qui compte 1,3 million de salariés et environ 200 000 entreprises.

Selon Euratex, l’Europe risque de perdre bien plus qu’une bataille commerciale : « c’est désormais la souveraineté industrielle et l’ensemble de l’écosystème textile — PME, fabricants et savoir-faire — qui sont en jeu. »


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