"Polluants éternels" : remplacer les "irremplaçables" PFAS, mode d'emploi
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Paris - Comment remplacer les PFAS ou "polluants éternels", substances chimiques contenues dans de nombreux objets de grande consommation, pour éviter qu'ils ne polluent les sols, l'air, l'eau ou les organismes vivants ?
Les PFAS déjà interdits
L'usage des PFAS les plus préoccupants a été restreint au niveau international par la Convention de Stockholm sur les polluants organiques persistants (POP) en 2004.
L'Agence européenne de la chimie (Echa) travaille sur une refonte du règlement européen Reach sur les produits chimiques, datant de 2007, induisant de nouvelles restrictions pour les PFAS.
La France a interdit le PFOS en 2009, le PFOA en 2020, et le PFHxS en 2022. Mais il en reste encore des milliers en circulation. Le Parlement français a adopté jeudi un texte restreignant leur utilisation dans les produits cosmétiques, de fart pour les skis ou les vêtements.
Remplaçables ou irremplaçables ?
"Il faut tordre le cou à l'idée que les polluants éternels sont indispensables", estime Martin Scheringer, professeur de chimie environnementale à l'Ecole polytechnique de Zurich et président du groupe d'experts internationaux sur la pollution chimique (IPCP), qui souligne néanmoins les travaux en cours au niveau européen visant à définir le concept dérogatoire "d'usage essentiel" pour des PFAS dont on ne peut se passer.
Les cosmétiques en bonne voie
L'OCDE a recensé 36 substances PFAS utilisés dans la composition de produits de beauté pour enrober des pigments, obtenir une couleur plus intense, un produit plus onctueux ou plus résistant à l'eau et a souhaité leur remplacement par des substances non fluorées.
L'association Cosmetics Europe s'est engagée en octobre à tous les remplacer d'ici 2026. C'est déjà fait pour "plus de 99% du portefeuille de produits concernés", affirme le géant L'Oréal qui en utilisait dans plusieurs crèmes et rouges à lèvres aux marques célèbres, épinglées par le média Vert en novembre 2024.
Des farts de ski à base de cire végétale
Pour gagner quelques secondes de glisse, les farts au fluor ont remplacé la paraffine dans les années 1980. Au début des années 2000, la "fièvre des polymères" décrite chez certains ouvriers du téflon ou de la plasturgie, après inhalation de produits dégradés de polymères fluoro-carbonés, un type de PFAS, a été identifiée chez des moniteurs de snowboard dans les Alpes, selon une thèse de médecine soutenue en novembre 2010 à Grenoble. Une étude suédoise a révélé en 2010, des niveaux élevés de PFAS dans le sang des techniciens de fartage.
Depuis l'hiver 2023-2024, les farts au fluor sont interdits en compétition par la Fédération internationale de ski. De nouveaux farts à base de cire végétale sont apparus, mais les recettes ne sont pas toujours publiques.
Le cas difficile du textile
Les textiles représentent environ 35% de la demande mondiale en PFAS, selon l'Agence européenne de l'environnement (AEE). En Europe, entre 41.000 et 143.000 tonnes de PFAS produits sont utilisés pour le textile, selon WSP, cabinet-conseil en innovation et transition. Certains États, notamment la Californie, ont déjà établi des interdictions spécifiques sur les PFAS dans le textile.
En France, l'institut français du textile et de l'habillement (IFTH) cherche des alternatives pour trouver des traitements déperlants sans fluor, notamment des solutions biosourcées. Pour recréer des surfaces hydrophobes, un programme de recherche (Deperflex II) s'inspire notamment de la structure des feuilles de lotus, connues pour leur capacité à repousser l'eau grâce aux micro et nanostructures sur leur surface.