Qui est JD.com, le géant chinois de l'e-commerce paré pour entrer au capital de Fnac Darty?
JD.com, en cours de finalisation d'une acquisition qui en ferait le deuxième actionnaire du distributeur français Fnac Darty, est un géant chinois du commerce en ligne, sous pression de ses rivaux dans son pays et soucieux de se développer en Europe.
Un géant de l'e-commerce très concurrencé
JD, pour « Jingdong » (les deux caractères chinois signifiant « capitale » et « Est »), est né d'un magasin d'électronique fondé à Pékin en 1998, avant que son patron Liu Qiangdong ne lance en 2004 une plateforme de vente sur internet. L'offre s'est rapidement étendue au-delà de la tech.
Avec quelque 700 millions d'usagers annuels revendiqués, JD.com est aujourd'hui le numéro trois du commerce en ligne en Chine. Il contrôlerait environ 16 % du marché pour l'année 2025, selon le cabinet Zheshang Securities. Le mastodonte du secteur Alibaba devrait rester numéro un (environ 36 %), suivi du champion des produits à bas coûts, Pinduoduo (PDD), avec 21 %.
Contrairement à Alibaba, dont la principale plateforme repose exclusivement sur des vendeurs tiers, JD.com stocke lui-même les produits dans ses entrepôts, les vend directement aux consommateurs et les livre via ses propres circuits logistiques. D'où son réseau extrêmement dense, comptant quelque 3 600 entrepôts à travers la Chine, et sa réputation de proposer des produits à la qualité contrôlée.
La part de marché de JD.com sur le marché national a surtout été progressivement grignotée par PDD (Temu) et par l'émergence de la vente directe via des applications comme Douyin (TikTok).
Coté à Wall Street comme à Hong Kong, JD.com n'en reste pas moins un mastodonte, fort en 2024 d'un chiffre d'affaires équivalant à 158,8 milliards de dollars (+6,8 % sur un an) pour un bénéfice net de 5,7 milliards de dollars.
Diversification dans la livraison et enjeux de gouvernance
JD.com a lancé en février en Chine son propre service de livraison de repas dans le but de défier le champion national Meituan — quitte à brûler des sommes colossales pour attirer les usagers à coups de prix cassés. L'entreprise avait ainsi annulé les frais de livraison cette année pour les restaurants enregistrés avant le 1er mai.
L'incursion de JD.com dans le secteur alimentaire intervient alors que Pékin encourage de plus en plus les plateformes de services en ligne comme un levier utile pour l'emploi et la consommation intérieure. Dès juin, JD.com — qui revendiquait alors plus de 150 000 livreurs à plein temps — détenait 31 % de parts de marché dans la livraison de repas en Chine, selon le cabinet de conseil iResearch.
Fondateur et patron de JD.com, Richard Liu (Liu Qiangdong) s'est mis en retrait en 2021 de la gestion quotidienne du groupe, à un moment où Pékin serrait la vis au secteur technologique. Il est désormais président du groupe. Son image a été ternie par un épisode survenu aux États-Unis en 2018 après une plainte pour viol déposée par une étudiante chinoise (il n'avait finalement pas été poursuivi).
Marché européen et entrée au capital de Fnac Darty
Confronté à une féroce guerre des prix dans l'e-commerce en Chine et à une consommation morose dans le pays, JD.com s'efforce de percer à l'international.
Le groupe chinois avait dans le passé tenté de s'y implanter en 2018 (ouverture d'un bureau en Allemagne), mais l'expérience s'était soldée par un échec. Il y a ensuite pris pied à partir de 2022 via sa plateforme Ochama, récemment baptisée Joybuy.
JD.com apparaît en bonne voie de finaliser son offre de reprise de l'allemand Ceconomy, l'un des plus grands distributeurs européens de produits électroniques. Ce rachat, s'il se concrétise, permettrait à JD.com l'accès à un réseau majeur de distribution d'électronique grand public et d'électroménager en Europe, notamment à travers les enseignes Saturn et Mediamarkt détenues par Ceconomy.
Cette opération lui permettrait surtout de devenir indirectement le deuxième actionnaire de Fnac Darty, dont Ceconomy détient 22 %.
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