Transport durable ou greenwashing ? L’accord entre Lufthansa Cargo et Shein interroge
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Lufthansa Cargo, compagnie aérienne allemande et leader européen du transport de marchandises par avion et division fret de Lufthansa Group, s’engage à assurer les livraisons internationales des articles d’ultra fast fashion Shein, en recourant progressivement à du carburant d’aviation durable.
Cette entente illustre le paradoxe entre régulation politique et intérêts économiques et suscite déjà les critiques de la Fédération Française du Prêt à Porter Féminin (FFFPAPF).
Un protocole d’accord (MoU - Memorandum of Understanding), signé le 19 août 2025, indique que, dans les six prochains mois, les deux partenaires doivent définir et mettre en œuvre des actions concrètes :
Quand volonté politique et enjeux économiques ne vont pas de pair
Cet accord, comme l’indique le communiqué, « inscrit Lufthansa Cargo comme acteur central dans la logistique des articles Shein ». Or, le 29 janvier 2025, le gouvernement allemand a officialisé un plan d’action complet pour encadrer le commerce en ligne et s’inscrit dans l’action menée par la Commission européenne.
Le paradoxe ? L’écart entre l’objectif politique affirmé de réguler les acteurs de l’ultra fashion et les réalités économiques des grands groupes qui s’appuient sur ces mêmes plateformes pour développer leur activité.
Pour mémo, Lufthansa Cargo appartient à Lufthansa Group qui possède, entre autres, Lufthansa, SWISS, Austrian Airlines, Brussels Airlines, etc. Le groupe a assuré, au-delà du transport de marchandises, celui de plus de 130 millions de passagers en 2024 (source rapport annuel 2024 de Lufthansa Group).
Du greenwashing selon la Fédération Française du Prêt à Porter Féminin
« On assiste au pire de l’hypocrisie : en quoi transporter des produits en polyester et jetables avec un kérosène moins consommateur de CO2 les rendrait -il plus écologiques ?, confie Yann Rivoallan, ardent détracteur de l’ultra fast fashion et président de la FFPAPF, au micro de FashionUnited. C’est, pardonnez-moi l’expression, « peinture sur merde. »
« Cette multinationale est alléchée par les vols en croissance constante des acteurs de l’ultra fast fashion et, pour se donner bonne conscience ou rentrer dans certaines normes, elle ose utiliser l’arme du greenwashing.
Ne nous laissons pas leurrer par ces actions, ajoute-t-il. La seule façon de retrouver une mode écologique, avec des produits de qualité, est de bloquer Shein. C’est ainsi que nous protégeons le consommateur et les emplois européens. »