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Trump, les droits de douane et l’art du deal à l’ancienne

Dans la série « Le retour des surtaxes », un nouvel épisode : Trump face à son propre agenda. Le candidat républicain ravive la guerre commerciale pour forcer des accords bilatéraux à quelques mois du scrutin.
By Diane Vanderschelden

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Le président Donald J. Trump lors de la présentation des nouvelles politiques tarifaires des États-Unis, le 2 avril 2025 à la Maison Blanche, à Washington D.C. (États-Unis). Credits: The White House.

Sous pression du calendrier qu’il a lui-même imposé, Donald Trump relance l’offensive commerciale mondiale. Quatorze pays sont désormais menacés par une salve de surtaxes douanières, avec une fenêtre de négociation laissée ouverte jusqu’au 1er août. Derrière la stratégie du coup de semonce, l’objectif est clair : signer des deals rapides – ou frapper fort.

« Soit tu négocies avec suffisamment d’entrain, soit tu as un taux punitif », résume Anthony Bondain de Zonebourse, analysant le retour d’une diplomatie commerciale musclée à la Maison Blanche. Le 7 juillet, le président américain a publié un nouveau catalogue de surtaxes visant 14 pays jugés peu coopératifs, dans l’espoir d'accélérer les discussions bilatérales. Ce durcissement intervient à la veille du 9 juillet, date initialement fixée pour conclure un maximum d’accords – 90 en 90 jours selon la promesse formulée au printemps par Peter Navarro, ancien conseiller commercial de Trump.

La méthode est simple : menacer, puis négocier

Comme en 2018-2019, l’administration Trump mise sur la pression tarifaire pour forcer la main à ses partenaires. Les nouveaux taux annoncés sont spectaculaires. Jusqu’à 40 % sur les importations en provenance du Laos et du Myanmar, 36 % sur celles de Thaïlande et du Cambodge, 30 % pour l’Afrique du Sud, et 25 % pour des pays comme le Japon, la Corée du Sud, la Tunisie ou la Malaisie (Zonebourse). Ces mesures restent pour l’instant suspendues jusqu’au 1er août, ce qui donne environ trois semaines aux pays ciblés pour faire des concessions.

D’après Politico, l’Union européenne échappe, pour l’instant, à ces hausses punitives. « Bruxelles aurait donné des gages de bonne volonté dans le cadre de l’OTAN », avance Zonebourse, tandis que des négociations en cours pourraient aboutir à une surtaxe uniforme de 10 %, accompagnée d’exemptions sectorielles.

Un art de la négociation fondé sur le rapport de force

Pour Donald Trump, « toute négociation nécessite un moment de crise », analyse Les Échos. En menaçant ses partenaires commerciaux, il cherche à obtenir des accords bilatéraux plus favorables aux États-Unis. « Trump semble avoir commencé par écrire en priorité à des partenaires avec lesquels il ne paraissait pas possible de conclure rapidement », note Solveig Godeluck, correspondante du journal à Washington.

À ce jour, seuls deux accords ont été signés, avec le Royaume-Uni et le Vietnam. Un troisième, avec la Chine, serait « en voie de finalisation », signale Zonebourse. L’Inde et l’Europe figurent parmi les pays susceptibles de rejoindre cette liste dans les prochains jours.

Interrogé lundi soir sur la possibilité de repousser encore la date butoir du 1er août, Trump a reconnu que celle-ci était « ferme, mais pas ferme à 100 % », rapporte Reuters. Traduction : si des pays proposent une alternative, la Maison Blanche est prête à faire preuve de flexibilité.

Les marchés réagissent, mais sans panique

L’annonce, faite en pleine séance boursière vers 20h15 heure de Paris, a été mal reçue par Wall Street. Le S&P 500 et le Nasdaq 100 ont reculé de 0,8 %, tandis que le Dow Jones a perdu 0,9 %, indique Zonebourse. Pour les investisseurs, cette nouvelle salve tarifaire pourrait annoncer un regain de tensions commerciales, avec un impact potentiel sur les prix à la consommation. Cependant, le marché obligataire américain n’a pas cédé à la panique, se contentant d’une « légère tension des rendements ».

En Asie, l’ouverture a été plutôt optimiste ce matin, les investisseurs misant sur une issue négociée à la crise. Tokyo a gagné 0,3 %, Séoul 1,5 %, Hong Kong 0,8 %, tandis que l’Inde stagnait et que l’Australie reculait légèrement, après la décision surprise de la banque centrale australienne (RBA) de maintenir ses taux à 3,85 %, contre 3,60 % attendus par le marché, toujours selon Zonebourse. La décision, prise à 6 voix contre 3, reflète les incertitudes liées à l’évolution des prix dans un contexte de tensions commerciales accrues.

Le contexte géopolitique

Cette offensive commerciale s’inscrit dans une actualité géopolitique dense. Trump a accueilli Benjamin Netanyahu à Washington, promis des livraisons d’armes supplémentaires à l’Ukraine, et Emmanuel Macron entame une visite de trois jours au Royaume-Uni pour renforcer les liens bilatéraux post-Brexit. Par ailleurs, la Chine a annoncé vouloir doubler le quota d’accès aux obligations étrangères via Hong Kong, dans un geste d’ouverture financière destiné à renforcer les flux internationaux vers ses marchés.

Une stratégie risquée mais à priori calculée

« Dans l’absolu, le commerce mondial de demain a toutes les chances d’être plus taxé qu’il ne l’est actuellement », conclut Zonebourse. À court terme, la stratégie de Trump pourrait produire quelques accords – mais elle pourrait aussi relancer une guerre commerciale à grande échelle si les partenaires ciblés refusent de céder. Entre la méthode du choc et celle du marchandage, l’ancien président américain joue une partition dangereuse mais cohérente celle du dealmaker en campagne.

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