• Home
  • Actualite
  • Culture
  • Restitution de 76 foulards Hermès volés au Musée de l'impression sur étoffes

Restitution de 76 foulards Hermès volés au Musée de l'impression sur étoffes

By AFP

loading...

Scroll down to read more

Culture

Fabric. Crédit : Ivann Schlosser, Unsplash

Mulhouse - Le Musée de l'impression sur étoffes (Mise) de Mulhouse (Haut-Rhin), riche d'une collection d'imprimés unique au monde mais qui avait signalé en 2018 un vaste pillage de ses collections, s'est vu restituer lundi 76 foulards Hermès récupérés par la police judiciaire.

"Cette restitution nous apporte de l'espoir, l'espoir que d'autres carrés reviennent, que d'autres objets de la collection reviennent, même si ce chiffre (de 76 foulards) peut paraitre dérisoire au regard de la somme de ce qui a disparu", a réagi auprès de l'AFP Alexia Fontaine, la directrice scientifique du musée.

Selon elle, 440 des 515 carrés Hermès dont disposait le musée ont disparu entre 2013 et 2017. A cela s'ajoute la disparition de 4.353 livres d'ouvrages (regroupant des milliers d'échantillons textiles), sur les 5.388 que comptaient les réserves du musée.

Ces foulards, fabriqués entre 1946 et 2015, provenaient en majorité de dons de la maison Hermès. "Cela révèle les liens privilégiés entre l'art et la mode, et tout l'intérêt du secteur du luxe pour un musée comme le nôtre, qui conserve l'histoire de l'impression du textile depuis 250 ans", a poursuivi Mme Fontaine.

"Et du point de vue de l'histoire de l'impression du textile, les carrés Hermès sont à l'origine de la technique du cadre à la lyonnaise, permettant des impressions de grande qualité et ensuite adoptée par de nombreuses manufactures jusqu'à aujourd'hui", a-t-elle expliqué, pour souligner la valeur patrimoniale de ces pièces.

Pour les retrouver, "on s'est appuyé sur le travail de recollement (d'inventaire) qui a été mené au sein du musée", a déclaré à l'AFP le chef de l'Office central de lutte contre le trafic de biens culturels (OCBC), le colonel Hubert Percie du Sert. C'est "l'identification des pièces et la veille des échanges commerciaux entre les personnes suspectées" qui a permis aux enquêteurs de les récupérer.

"Cela montre l'importance d'inventorier et de sécuriser ces collections, puisqu'on est capable ensuite de tracer ces objets pendant toute leur vie, ou en tout cas à chacune des transactions où ils sont détectables", a ajouté L'officier.

"Connu en interne"

Les vols, commis pendant plusieurs années, avaient été signalés au sein du musée. "Je peux vous dire que c'était connu en interne", a assuré Alexia Fontaine, arrivée dans l'établissement en 2022.

Mais il a fallu que l'affaire s'ébruite, avec le signalement d'une célèbre maison d'enchères qui avait reçu certains objets semblant provenir des ces collections, pour qu'une plainte soit finalement déposée en 2018.

Une enquête préliminaire puis une information judiciaire ont été ouvertes, confiées à la police judiciaire de Mulhouse et l'OCBC. "Les investigations sont toujours en cours", a précisé lundi le parquet de Mulhouse à l'AFP.

L'ancien délégué à la conservation du musée, Jean-François Keller, a été mis en examen. Il a reconnu le vol de vases Gallé ainsi que d'une centaine de carrés Hermès.

Les enquêteurs ont établi un lien entre M. Keller et "une société basée aux Etats-Unis qui achetait certains ouvrages volés", selon un communiqué de l'OCBC, qui a également retrouvé trace d'échanges commerciaux avec l'Angleterre, l'Allemagne ou la Suisse. "Certains acheteurs savaient d'où provenaient ces objets", a déclaré le colonel Hubert Percie du Sert.

Deux précédentes restitutions, de 44 puis neuf livres d'ouvrages, ont déjà eu lieu en 2021 et 2022. L'un de ces livres est actuellement présenté dans le cadre de l'exposition "Quel chantier", qui montre le travail d'identification des pièces des collections mené depuis la révélation des vols.

En 2019, la Direction régionale des affaires culturelles avait mis en demeure le musée de "prendre les mesures nécessaires pour remédier aux périls encourus par les collections", une procédure extrêmement rare.

Elle avait ensuite décidé de procéder aux travaux d'inventaire sur les collections les plus dégradées, l'Etat devenant alors maître d'ouvrage des réalisations.(AFP)

Hermès
Musée