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Mode Suisse 2025 : la « discrète espérance » de la mode suisse s’exprime haut et fort

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(De gauche à droite) Thomas Clément, Anastasia Bull et Tati au Mode Suisse & Friends 2025 Crédits : Alexander Palacios
By Jule Scott

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Vingt-deux créateurs, plus de 100 looks : rien d’exceptionnel pour une semaine de la mode. Pourtant, le Mode Suisse, événement annuel, n’est pas une manifestation tentaculaire de plusieurs jours, mais une seule et unique soirée condensée, placée sous le signe des talents suisses.

La soirée, entamée dès 14 h avec un showroom, a permis aux invités de découvrir en avant-première les prochaines créations. Une fois les collections remises en coulisses, le programme s’est poursuivi avec un premier défilé, lancé à l’heure — une ponctualité qui contraste avec celle d’autres capitales de la mode, où les shows débutent souvent en retard.

Le rythme soutenu des looks et des créateurs, et la durée qui en a résulté, ont mis à l’épreuve la capacité d’attention des invités. L’organisateur Yannick Aellen semblait toutefois en avoir conscience. La soirée a donc commencé par une voix off invitant le public à suivre le programme afin d’attribuer correctement les marques. Ce n’est qu’ensuite que la musique a retenti : un mélange d’électronique et de folk de Bit-Turner, Gael Faure et Jono McCleery, et qu’un look de Maximilian Preisig, fraîchement sorti de l’école de mode FHNW de Bâle (Suisse), a ouvert le marathon.

La scène haute en couleur des créateurs suisses

Le look d’ouverture se composait d’un pantalon orange et d’un t-shirt blanc oversize. En soi, rien de révolutionnaire, mais le t-shirt, qui portait le slogan « Die Leise Hoffnung » (la discrète espérance), a donné du poids à la tenue.

Doing Fashion au Mode Suisse & Friends 2025 Crédits : Alexander

Certes, le message se perdait parfois dans le pantalon flamboyant, qui menaçait de glisser sur les chevilles du mannequin, un détail qui a ensuite été vivement débattu parmi les invités. Coup de génie ou maladresse ? Peut-être les deux. Et c’est ainsi que cette image est devenue, sans le vouloir, le leitmotiv d’une soirée difficile à exprimer par des mots.

Anastasia Bull au Mode Suisse & Friends 2025 Crédits : Alexander Palacios

L’importance de la politique pour la créatrice Anastasia Bull était déjà apparue clairement lors avant le défilé. Le badge d’accès en coulisses de la créatrice était orné d’une épingle à l’effigie du drapeau palestinien, tandis qu’elle expliquait lors d'une conversation vouloir « enterrer le patriarcat » avec sa collection. Sur le podium, ce projet s’est surtout traduit par de l’opulence. Des minirobes à paillettes et brodées côtoyaient une profusion de couleurs, jusqu’à ce que celles-ci cèdent lentement place à l’obscurité pour ouvrir sur un look « funéraire », qui rappelait également une mariée sombre, avec couronne de fleurs et bouquet.

Jill Bloch au Mode Suisse & Friends 2025 Crédits : Alexander Palacios

Chez Jill Bloch, en revanche, le récit de la « femme au foyer traditionnelle » (« trad wife ») était contrecarré par une subversion pleine de malice. Les mannequins combinaient pain et pelle à côté de minijupes, de bloomers et de bottes en caoutchouc, des gants de jardinage associés à des silhouettes parfois ultra-féminines. L’ensemble semblait se situer quelque part entre la fermière ballerine et l’attitude urbaine des grandes villes. Les fiers parents, du moins semblait-il, applaudissaient dans le public en essuyant quelques larmes. Un petit moment familial sur la scène du Mode Suisse.

Lundi Piscine au Mode Suisse & Friends 2025 Crédits : Alexander Palacios

Tandis que chez Bloch, des objets du quotidien issus de la vie à la ferme peuplaient le catwalk, Lundi Piscine a littéralement plongé le public dans l’eau. Des pantalons parachute, des cagoules et un haut inspiré du billet de 500 euros, inspirés des vêtements de travail et des uniformes, côtoyaient des bouées, des cannes à pêche et des gilets de sauvetage. Un langage visuel qui a transposé directement sur le podium le désir d’un monde meilleur. La déclaration « We want a better world » (nous voulons un monde meilleur) figurait à la fois sur les vêtements et sur un drapeau, tout en faisant référence au processus de travail de la créatrice Lucie Guiragossian, dont les matériaux proviennent de sources locales et sont upcyclés.

Tout aussi remarquable a été la prestation de Tati, une marque qui allie la maille punk folklorique et sexy aux textiles upcyclés. La maille faite main n’est généralement pas considérée comme l’incarnation du sexy, mais c’est précisément là que réside la force de la créatrice Tatjana Haupt, qui a convaincu les organisateurs ainsi que le jury du Mode Suisse et qui a été intégrée au programme cette année en tant que nouvelle venue.

Comme Lundi Piscine, Sonney et Thomas Clément, elle a été soutenue par la D.E.S.I.G.N. Foundation, qui prend en charge l’intégralité des frais de participation ainsi qu’une partie des dépenses de quatre talents de moins de 35 ans issus de la programmation Mode Suisse & Friends.

Tati au Mode Suisse & Friends 2025 Crédits : Alexander Palacios

Tati a su transformer le podium en un univers queer et ludique. À la fin du défilé, Haupt, entourée de son équipe hilare, est apparue sur le podium en riant et en se tenant la main. Une image qui dégageait la même énergie insouciante que ses quinze looks. Entre chats en peluche, clins d’œil aux années 2000 et une touche d’humour, la collection a formé un manifeste exubérant et une invitation claire à la révolution, visible sur les t-shirts, les accessoires et dans chaque détail soigneusement mis en scène.

JMQ – Jordan Martinez Quintana – a également dégagé autant de joie de vivre que Tati. Dans les notes de présentation, la collection du créateur était décrite comme « de la mode maximaliste, quelque part entre une féria de flamenco et une rave sur un parking ». Et dans ce cas, la description correspondait exactement au programme. Les pois rencontraient les imprimés fruits, les jupes à volants et les foulards inspirés du flamenco côtoyaient les mini-baguettes et les chariots de supermarché. Un autre look présentait un torse nu recouvert d’autocollants de sport automobile, accompagné d’une chaîne en or surdimensionnée et d’une doudoune richement brodée. Un ensemble entre street style et collage pop culture, qui déconstruisait les images de la masculinité avec humour et une énergie débordante.

JMQ – Jordan Martinez Quintana au Mode Suisse & Friends 2025 Crédits : Alexander

Cependant, la collection de JMQ a suscité presque autant d’enthousiasme que l’annonce d’une pause bien méritée. La première partie du défilé, qui a duré toute la soirée, a été presque une heure plus longue que prévu. Les mannequins n’avaient donc pas encore quitté le podium que les quelque 400 spectateurs sautaient déjà de leurs chaises, prêts à remplir leurs verres et à digérer ce qu’ils avaient vu.

Malgré cette course effrénée vers le bar, la plupart des personnes se sont retrouvées à temps et en ordre pour la deuxième partie de la soirée, qui n’avait pas moins de diversité et d’abondance à offrir que la première.

Les trois étudiants sélectionnés pour le showcase de l’université de mode HEAD, Alan Clerc, Marie Boutin et Thibaut Barraud, ont constitué un moment fort. Plus que toute autre collection, ces jeunes talents ont fait preuve d’un sens aigu du détail et ont associé le concept au commerce de façon harmonieuse.

Alan Clerc au Mode Suisse & Friends 2025 Crédits : Alexander Palacios

Clerc avait initialement conçu sa collection pour le corps masculin, le sien pour être précis. Fortement influencée par la couture classique, rappelant parfois les travaux de Martin Margiela, elle explorait la construction et la déconstruction du corps et a été présentée sur des mannequins masculins et féminins.

Marie Boutin au Mode Suisse & Friends 2025 Crédits : Alexander Palacios

De son côté, Boutin s’est inspirée du sport automobile et des motos pour créer une collection de cuir avec des corsets, des bralettes, des vestes, des manteaux et des pantalons aux finitions précises. Toutes ces pièces pourraient facilement être portées par de jeunes pop stars, sur scène comme dans la vie de tous les jours. Une robe en soie à l’ourlet effiloché, comme si elle avait touché les pneus d’une moto, s’inspire des imprimés de la combinaison de motard de son père, qu’elle a transposés sur ses propres créations. Barraud, le seul étudiant en licence parmi les trois, tandis que Clerc et Boutin ont récemment obtenu leur master, a présenté une collection en noir et blanc composée de hauts soyeux et de robes moulantes, aussi précises et convaincantes que les travaux de ses collègues.

Thomas Clément au Mode Suisse & Friends 2025 Crédits : Alexander Palacios

Les créations de Thomas Clément, diplômé de HEAD, qui n’a toutefois pas participé sous l’égide de l’école, mais en tant que créateur indépendant, ont ensuite fait leur apparition. Son travail partait de références ordinaires, comme les sangles d’un sac à dos ou la silhouette d’un mannequin de couture. Au lieu de les reproduire à l’identique, Clément les a transformées en extensions corporelles déroutantes. Un haut vert olive, par exemple, rappelait un sac à dos retourné, dont le poids se trouvait exactement là où la poitrine est normalement galbée. En dessous, une jupe à franges roses et turquoise se balançait à chaque mouvement comme une seconde peau. Clément a imaginé des images corporelles qui ne semblent ni stables ni naturelles, mais décalées, recomposées et donc fragiles : une exploration poétique de la frontière entre le corps et la mode.

Alors que la soirée touchait à sa fin, il est apparu une fois de plus que le Mode Suisse est bien plus qu’une simple plateforme de présentation. C’est un espace de prise de position, d’expérimentation et de storytelling, pour une mode qui provoque, divertit et parfois déroute. Des déclarations provocatrices à la subversion ludique, en passant par les commentaires subtils sur notre société, un éventail qui montre la diversité de la scène suisse sous toutes ses facettes. Le cadre semble presque trop large pour un événement relativement court. Sur place, il y avait en tout cas suffisamment de vision et de talent pour un format de présentation plus long, que ce soit sur une journée entière ou peut-être même sur deux jours.

Ainsi, la boucle se referme, renouant peut-être avec cette « discrète espérance » évoquée au départ : que la plateforme poursuive sa croissance et offre, à l’avenir, aux jeunes talents encore plus d’espace pour expérimenter, s’affirmer et contribuer à façonner la scène de la mode suisse.

Cet article a été traduit à l'aide d'un outil d'intelligence artificielle, puis vérifié et édité par un journaliste de FashionUnited.

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