« En 2025, plus de 4 500 emplois ont été proposés dans les métiers d’excellence », Marion Bardet, LVMH
Chez LVMH, l’Institut des Métiers d’Excellence forme une nouvelle génération d’artisans, créateurs et experts client aux savoir-faire rares, dans des métiers pour lesquels l’emploi est au rendez-vous. Interview de Marion Bardet, directrice des Métiers d’Excellence LVMH.
Que recouvrent ces « métiers d’excellence » ?
Notre mission est de promouvoir, valoriser et transmettre des savoir-faire essentiels à la chaîne de valeur du groupe : la création, l’artisanat et l’expérience client. Cette dernière inclut notamment les métiers de la vente et de l’hospitalité, comme l’hôtellerie.
Ce sont donc des métiers souvent méconnus ?
Exactement. Nous travaillons à mieux les faire connaître, mais aussi à assurer la transmission de ces savoir-faire uniques. Nous intervenons dans tous les secteurs du groupe : maroquinerie, couture, joaillerie, horlogerie, parfums et cosmétiques, hôtellerie, distribution sélective, etc.
Comment cela se traduit-il au quotidien ?
Nous collaborons avec l’ensemble des 75 maisons LVMH à travers notre organisme de formation initiale : l’Institut des Métiers d’Excellence (IME). Celui-ci forme des jeunes ou des personnes en reconversion, en partenariat avec des écoles prestigieuses comme les Compagnons du Devoir, la Haute École de Joaillerie ou encore l’Institut Français de la Mode. Les élèves suivent une alternance : ils partagent leur temps entre l’école et les ateliers ou boutiques des maisons du groupe.
Ce sont donc des classes LVMH intégrées dans ces écoles partenaires ?
Oui. Ce sont des classes de l’Institut des Métiers d’Excellence. Les apprentis bénéficient à la fois de l’enseignement des écoles partenaires et de l’accompagnement dans nos maisons. Nous leur proposons aussi des master classes, des cours de langues, des formations aux soft skills (façon d’interagir, de travailler et de s’adapter à une équipe ou à un marché, NDLR), ou encore un concours annuel, les Master Games, où ils développent un projet présenté au groupe.
Combien de jeunes formez-vous chaque année ?
En 2025, nous avons accueilli une promotion de 220 nouveaux apprentis en France. Depuis la création de l’IME en 2014, plus de 3 300 apprentis ont été formés. Nous avons démarré modestement, avec seulement 27 élèves la première année.
Comment sélectionnez-vous ces candidats ?
Il existe un processus de candidature et de sélection à double niveau : d’une part via l’école partenaire, d’autre part via la maison qui accueillera l’apprenti. Les dossiers peuvent être déposés jusqu’en avril, notamment à l’occasion de notre tournée You & Me, qui se déroule de janvier à mars.
Les formations sont-elles payantes pour les étudiants ?
Non, elles sont gratuites. C’est l’un des grands atouts de l’apprentissage.
Quels sont vos besoins en recrutement ?
Rien qu’en 2025, plus de 4 500 offres ont été proposées dans les métiers d’excellence en France. Ce sont des métiers qui recrutent massivement, et dans lesquels le chômage n’existe pas.
Anticipez-vous les évolutions économiques mondiales, par exemple liées aux États-Unis ou à la Chine ?
Nous restons stables : la rentrée 2025 a maintenu des promotions équivalentes à l’année précédente. Les besoins de recrutement des maisons nous permettent de poursuivre ce rythme.
Former un artisan prend du temps. Quelle est votre vision ?
Former un artisan, c’est un travail de long terme. Il faut près de dix ans pour maîtriser totalement un geste en maroquinerie ou en joaillerie. Bien sûr, les apprentis acquièrent des compétences dès les premières années, mais atteindre l’excellence exige patience et pratique. Ce que nous visons, c’est cette quête d’excellence, pas une réponse conjoncturelle à court terme.
Un enjeu majeur est aussi le renouvellement générationnel, non ?
Absolument. Toute une génération d’artisans partira à la retraite d’ici 2030. Former les talents de demain est donc crucial pour transmettre et préserver ces savoir-faire rares.
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