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Esmod Paris : la parole est aux professeur​s

By FashionUnited

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Fashion

Alors que la prestigieuse Parsons School de New York vient d’ouvrir ses portes à Paris, la capitale compte plus que jamais d’écoles de mode. L’occasion de donner la parole à leurs professeurs qui sont pour la plupart des designers et

professionnels ayant une véritable activité au cœur de l’industrie de la mode. Cinq portraits originaux pour cinq établissements !

Pour
ouvrir ce bal, nous avons choisi Esmod Paris qui consolide sa position dans le peloton de tête des grandes écoles de mode. Avec plus de 170 ans d’existence, Esmod compte 23 écoles réparties dans 15 pays à travers le monde. Mariant Création et Business, Esmod Paris a été l’une des premières écoles à s’intéresser au Durable. Rencontre avec Christian Tournafol qui informe et tient des conférences sur le thème du « Sustainable ». Après avoir fait ses armes avec sa marque éponyme (1996-2003), il créé en 2005 Les Racines du Ciel qui allie savoir-faire et préoccupations environnementales.

FashionUnited : Comment êtes-vous arrivé à l’enseignement et quelle est votre fonction chez Esmod Paris ?
Christian Tournafol : C’est Esmod qui m’a contacté il y a six ans pour les cours de Style. Puis avec mes compétences et intérêts pour le développement durable, on m’a confié cette mission de sensibiliser les élèves. C’est ainsi que depuis trois ans, j’anime des groupes sur le thème du « Sustainable » pour toutes les classes de première année et un cours optionnel pour les étudiants de troisième année. Je donne aussi des conférences comme à Esmod Jakarta avant l’été. Mais j’ai aussi une double casquette puisque je donne des cours de Maille. Au total, je suis présent 50 à 60 heures par mois au sein de l’école.

Est-ce nouveau de parler de « Sustainable » dans l’enseignement de la mode ?
Si la mode fait toujours autant rêver les étudiants, ils ne voient toujours pas le côté négatif, les problèmes environnementaux qu’elle engendre. Moi même je manque parfois d’arguments. Actuellement, parler de mode durable dans les établissements reste une action peu développée. Christine Walter-Bonini, Directrice générale Esmod International, a très vite vu les enjeux et a voulu se mettre dans un cercle de la réflexion. Elle a souhaité aller plus loin dans la démarche de l’école. Il ne fallait pas attendre que les autres s’y mettent, bien au contraire, il fallait être les premiers.

Quel est l'accueil des étudiants ? Quelle réflexion menez-vous ?
Ils n’ont pas du tout conscience des problématiques que soulèvent la fast fashion. Ils tombent souvent de haut et n’imaginent pas tous ces impacts. Beaucoup sont touchés et prennent conscience des enjeux. D’autres passent leur chemin. Pour vous dire, sur tous les cours optionnels, le mien accueille une dizaine d’étudiants quand d’autres en ont 60 ! C’est peu mais c’est déjà ça de gagner. Il faut bien démarrer. Mon rôle est de les informer sur les matières premières, l’ennoblissement, le transport, d’avoir une vision globale. Je leur explique que le bio n’est pas la clé surtout quand la matière vient de loin. Je leur montre des exemples.

Selon
vous, les cursus d’apprentissage d’une école de mode ont-ils encore des efforts à faire ?

Bien sûr et j’aimerai aller encore plus loin dans ma démarche. D’ailleurs il faudrait que le durable devienne le standard dans le futur. Prochainement, mes cours vont évoluer. L’idée est d’amener des discussions avec des intervenants, d’emmener les étudiants voir des marques qui ont une éthique, de les impliquer en les faisant participer à des ateliers (par exemple découvrir les teintures végétales). Bref, leur donner des clés. Ceux qui s’y mettent vraiment ont déjà fait du chemin car cela implique beaucoup de réflexion. Je leur propose de travailler avec quelques uns de mes fournisseurs (Allemagne, Benelux). Au final, il est évident que les écoles de mode ont encore un énorme travail de sensibilisation à faire sur ce secteur, mais je crois que celui-ci devrait se faire encore plus tôt dans les écoles primaires, au collège.

Est-ce important d’être en lien avec l’industrie de la mode quand on enseigne ?
Oui, cela nous mets face à une réalité. Il faut faire comprendre aux étudiants que la mode ce n’est pas que du rêve. Ce n’est pas tout de faire du style, il faut aussi faire face au process d’une collection dans son ensemble, au budget. Cela permets de faire part de son expérience, des contraintes du métier. Etre un professeur c’est un véritable échange.

Que pensez-vous des écoles de mode aujourd’hui, en avez-vous fait une ?
Je suis diplômé du Lycée de la Mode de Cholet (49) où j’ai obtenu un BTS Stylisme de mode en 1990. Pour ma part, je trouve qu’aujourd’hui il y a trop d’écoles de mode à Paris, les étudiants se sentent souvent perdus au moment de faire leur choix. Il y en a de très biens et aussi des moins bien, il n’y a pas d’homogénéité. Pour autant, chacune à sa singularité, ses spécificités, des savoir-faire. Du coup, celles qui sortent du lot sont vraiment identifiables. Je pense que cela est important pour être une bonne école. Pour autant cette vitalité rend également Paris très attractive !

Céline Vautard

Photos : Portrait de Christian Tournafol.
Salle de modélisme au sein d’Esmod Paris.
Atelier de teintures végétales.


Christian Tournafol
ESMOD
Esmod Paris
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