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Coty envisagerait une vente en deux temps, selon des sources industrielles

By Diane Vanderschelden

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Credits: Image: Coty Facebook page

Le groupe américain Coty Inc., coté à New York et à Paris, pourrait s’approcher d’un point d’inflexion décisif. Selon plusieurs sources industrielles citées par Women’s Wear Daily (WWD), le spécialiste des cosmétiques envisagerait une cession partielle de ses activités, ouvrant potentiellement la voie à une restructuration profonde de l’entreprise.

Une vente en deux étapes

D’après les informations recueillies par WWD, les discussions en seraient encore à un stade préliminaire. Le scénario envisagé porterait sur une cession en deux temps. D’une part, la division Luxe, qui comprend notamment les licences Gucci, Burberry, Jil Sander et Hugo Boss. D’autre part, la division Consommateurs, avec des marques de grande distribution comme CoverGirl, Max Factor et Rimmel London. Interrogée par WWD, une porte-parole de Coty a refusé de commenter, déclarant que l’entreprise ne s’exprime pas sur des « rumeurs ou spéculations ».

Des marques convoitées mais une transaction complexe

Toujours selon les informations de WWD, Coty serait actuellement en discussion avec Interparfums pour une partie de ses actifs Luxe, notamment les parfums Burberry et Hugo Boss. « Nous sommes toujours enclins à étudier les opportunités qui se présentent », a indiqué lundi un porte-parole d’Interparfums SA. Le groupe aurait même, selon des sources proches du dossier, déjà soumis une offre pour récupérer la licence Burberry, qu’il détenait jusqu’en 2013.

La marque Burberry Goddess, lancée en 2023, est considérée comme le plus grand succès commercial de Coty à ce jour, et Hugo Boss s’est hissé au rang de deuxième franchise de parfums masculins en Europe au second semestre 2024.

Toutefois, l’avenir de la licence Gucci semble plus incertain. Comme le rappelle WWD, la maison mère Kering ambitionne depuis plusieurs années de développer en interne ses activités de beauté et pourrait récupérer la gestion des parfums Gucci à l’échéance de la licence, prévue selon plusieurs observateurs en 2028. Une échéance que la directrice générale de Coty, Sue Nabi, avait d’ailleurs évoquée en juillet 2023 en précisant qu’aucune discussion sur les renouvellements de licences n’interviendrait avant cinq ans.

La division grand public, un point d’achoppement

Si la division Luxe suscite l’intérêt, la vente de l’activité grand public s’annonce plus délicate. Selon WWD, Coty espérait initialement trouver un acquéreur en Asie, mais le ralentissement économique régional, combiné aux tensions commerciales persistantes avec les États-Unis, rend cette perspective de moins en moins probable. De plus, les marques mass-market comme CoverGirl ou Rimmel font face à une concurrence croissante des acteurs directs aux consommateurs (DTC), et leur attractivité est jugée inférieure aux marques premium en termes de valorisation.

Certaines sources citées par WWD estiment toutefois que la division pourrait intéresser des fonds de private equity. Mais un rachat global de Coty par un seul acteur paraît peu probable, notamment pour des raisons de concurrence.

« Si Coty parvient à vendre la division grand public, la partie parfumerie trouvera preneur immédiatement », a confié une autre source à WWD.

Des indicateurs financiers chahutés

Au troisième trimestre de son exercice fiscal 2025, clos le 31 mars, le chiffre d’affaires de la division grand public a reculé de 9 %, reflet des difficultés du segment. Globalement, Coty a enregistré une baisse de 6 % de ses revenus à 1,29 milliard de dollars, en deçà des prévisions des analystes qui tablaient sur 1,3 milliard, rapporte Investing.com.

L’action Coty, en net repli depuis le début de l’année (-30,7 %), a toutefois bondi de 11 à 13 % après la publication des rumeurs de cession par WWD, selon Investing.com et Bloomberg. En comparaison, L'Oréal affiche une progression de près de 10 % sur la même période et Estée Lauder une baisse limitée à 2,4 %.

Les contre-performances récentes de Coty s’expliquent aussi par la cession déficitaire de Skkn by Kim, la marque de Kim Kardashian, qui a occasionné une perte de 71,1 millions de dollars au dernier trimestre. Coty avait acquis une participation de 20 % dans l’entreprise pour 200 millions de dollars en 2022, mais Kim Kardashian a repris l’intégralité du contrôle en mars 2025. Coty avait déjà dû gérer des difficultés similaires avec Kylie Cosmetics, dont la croissance a déçu, malgré un démarrage prometteur dans la parfumerie.

Parallèlement, le groupe cherche toujours à se désengager totalement de Wella, spécialiste des soins capillaires, dans lequel il détient encore 3,6 % du capital. Une tentative de vente à IGF Wealth Management a échoué en octobre 2023.

Une gouvernance en suspens

Les spéculations vont également bon train sur l’avenir de Sue Nabi à la tête de Coty. Selon WWD, certains observateurs envisagent son départ dès cet été. Ancienne de L'Oréal et fondatrice d’Orveda, Sue Nabi avait pris la direction générale de Coty en 2020, succédant à Peter Harf, désormais président du conseil d’administration. Ce dernier a annoncé son retrait de JAB, principal actionnaire de Coty, en avril 2025 après quarante ans au sein du groupe.

Une page qui pourrait se tourner

Avec une capitalisation boursière estimée à 4,13 milliards de dollars et un chiffre d’affaires de 6,1 milliards de dollars en 2024 selon le classement WWD Beauty Inc, Coty reste un acteur majeur de la beauté mondiale. Mais l’avenir du groupe semble aujourd’hui plus ouvert que jamais. Entre la possible perte de la licence Gucci, les difficultés de la division grand public et la pression des marchés, Coty pourrait bien être à l’aube d’un point d’inflexion décisif.

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