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Face à l'ultra fast fashion, la France sort la carte du protectionnisme intelligent

By Diane Vanderschelden

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Yann Rivoallan Credits: Courtesy of FFPAPF. Yann Rivoallan.

Le protectionnisme est-il devenu une condition de survie pour l’industrie de la mode française ? Alors que l’administration Trump relance l’offensive commerciale contre la Chine en avril 2025, imposant des droits de douane massifs sur les importations, l’Europe observe une onde de choc qui pourrait frapper de plein fouet son propre marché.

Privés d’accès fluide au marché américain, certains géants chinois de l’ultra fast fashion — à l’image de Shein ou Temu — pourraient réorienter encore davantage leurs flux vers le continent européen, alerte la Fédération Française du Prêt à Porter Féminin. Résultat : une pression intensifiée sur les marques locales, déjà en lutte contre une concurrence déloyale sur les prix, les délais et les standards sociaux comme environnementaux.

Un signal d’alerte lancé par la filière française

C’est dans ce contexte que la Fédération Française du Prêt à Porter Féminin a publié, le 14 avril, un communiqué de presse au ton sans détour : elle appelle les pouvoirs publics à instaurer un « protectionnisme intelligent », pour défendre les entreprises françaises face à cette intensification des flux issus de l’ultra fast fashion.

« Il est impératif de protéger notre industrie, nos emplois et notre planète », souligne Yann Rivoallan, président de la Fédération. Pour lui, la régulation de ces acteurs ultra-agressifs n’est plus une option mais une nécessité stratégique, à la croisée de quatre urgences : économique, sociale, commerciale et environnementale.

Le risque d’un dumping globalisé

Ce regain de tensions internationales révèle un paradoxe : les mesures protectionnistes américaines censées freiner les flux venus d’Asie pourraient, par effet ricochet, accentuer la vulnérabilité de l’Europe. Car les plateformes chinoises, aux modèles ultra agiles et portés par l’IA, ne manqueront pas d’intensifier leurs efforts en direction de marchés moins régulés.

Le danger n’est donc pas simplement celui d’une guerre commerciale entre superpuissances, il est aussi celui d’un dumping mondialisé. Des produits à très bas prix, peu ou pas conformes aux normes sociales ou environnementales européennes, inondent déjà les plateformes d’e-commerce — avec des conséquences directes sur les marges, les emplois et la qualité des produits offerts aux consommateurs européens.

Vers une régulation offensive

Dans ce contexte, le projet de loi contre l’ultra fast fashion, qui sera examiné au Sénat le 10 juin prochain, prend une dimension géostratégique. Soutenu par la Fédération, ce texte vise à encadrer les pratiques des géants du secteur sur plusieurs volets : transparence sur la chaîne de production, critères environnementaux, responsabilité sociale, etc.

La Fédération appelle à une adoption rapide de la loi, estimant qu’il s’agit là de la seule manière de garantir un cadre équitable pour les marques françaises et européennes. Le message est sans équivoque : à l’heure où le commerce international se fracture, la France ne peut rester un marché ouvert sans contrepartie.

Une question de compétitivité… et de souveraineté

Derrière cette demande de protectionnisme intelligent se cache une question centrale : la souveraineté économique de la filière mode en France. Face à une concurrence dopée par les subventions étatiques, les optimisations fiscales et les coûts de production dérisoires, les entreprises locales ne peuvent rivaliser sans soutien politique structurant.

Il ne s’agit pas de fermer les frontières, mais de repenser les règles du jeu à l’échelle d’un continent. Réguler l’ultra fast fashion, c’est aussi affirmer une vision durable, éthique et stratégique de ce que la mode européenne peut — et doit — devenir. Un secteur qui innove, qui exporte, mais qui se protège intelligemment.

En résumé
  • La Fédération Française du Prêt à Porter Féminin alerte sur la menace que représente l'ultra fast fashion chinoise, exacerbée par les tensions commerciales sino-américaines, et appelle à un "protectionnisme intelligent".
  • Le projet de loi contre l'ultra fast fashion, examiné au Sénat, vise à encadrer les pratiques du secteur en matière de transparence, d'environnement et de responsabilité sociale, afin de garantir un cadre équitable pour les marques françaises et européennes.
  • Derrière la demande de protectionnisme se pose la question de la souveraineté économique de la filière mode en France, nécessitant une régulation de l'ultra fast fashion pour affirmer une vision durable et éthique de la mode européenne.
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