KPMG & FMC – L’ère de la mode circulaire à haute valeur ajoutée
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KPMG et la Fédération de la Mode Circulaire dévoilent une étude sur les leviers économiques et environnementaux de la transformation du secteur en Europe.
L’éco-conception comme pivot stratégique
« Reinvent, reuse, repair, recycle », ce mantra en quatre temps, devenu le socle conceptuel de la 3ᵉ Journée de la Mode Circulaire, se transforme désormais en réalité mesurable. Selon une nouvelle étude menée conjointement par KPMG France et la Fédération de la Mode Circulaire (FMC), la circularité n’est plus une utopie industrielle, mais un axe stratégique capable de générer croissance, emploi et différenciation durable pour les marques.
Le constat inaugural est limpide : 80 % de l’impact environnemental d’un produit se décide dès sa conception. Un chiffre lourd de conséquences pour une industrie qui s’apprête à basculer sous le joug de régulations européennes ambitieuses – passeport numérique produit, écoconception obligatoire – mais également face à des consommateurs dont les attentes en matière de durabilité et de traçabilité deviennent des critères d’achat déterminants.
« Pour soutenir une vraie croissance des modèles économiques circulaires, il est nécessaire de repenser la conception des produits afin qu’ils soient faits pour durer », insiste Mina Bishop, Senior Manager ESG chez KPMG France.
Seconde main : 75 000 emplois potentiels à l’horizon 2030
Parmi les piliers identifiés, la seconde main se distingue par son poids croissant. Le marché, tiré par les plateformes C2C (de particulier à particulier) mais aussi les initiatives des marques elles-mêmes, est estimé à 26 milliards d’euros en 2030, et pourrait générer plus de 75 000 emplois à l’échelle européenne.
La logique est vertueuse, chaque vêtement d’occasion acheté permet de prolonger sa durée de vie de 2,2 ans, et ainsi de réduire son empreinte carbone, hydrique et en déchets jusqu’à 73 %. Mais au-delà de l’impact environnemental, la seconde main devient un levier de fidélisation, de positionnement différenciant, et d’élargissement de l’audience pour les marques – en particulier auprès des jeunes générations.
Réparer, c’est innover dans la relation client
Le segment de la réparation textile, longtemps marginal, bénéficie désormais d’un soutien public croissant, notamment via des mécanismes comme le bonus réparation en France. L’étude chiffre ce marché à 3,7 milliards d’euros d’ici 2030, avec près de 10 000 emplois à la clé.
« Réparer plutôt que remplacer permet de réduire les émissions de CO₂ de 30 % et d’allonger la durée de vie d’un vêtement de 70 % », précisent les auteurs. Pour les entreprises, c’est aussi une opportunité inexploitée : le service après-vente devient un terrain de collecte de données d’usage précieuses, pour ajuster la conception des produits, améliorer leur durabilité réelle, et réduire les retours.
Recycler les fibres, sécuriser l’amont industriel
Le recyclage des matières textiles constitue un enjeu technologique autant qu’environnemental. Les fibres vierges, comme le coton ou la laine, représentent près d’un tiers de l’empreinte carbone d’un vêtement. Stimuler la demande de fibres régénérées est donc un impératif.
Le marché du recyclage textile européen pourrait atteindre 1,6 milliard d’euros en 2030, avec plus de 3 500 emplois à la clé. Si les freins techniques restent importants (tri, pureté des fibres, logistique inverse), les marques y trouvent un double bénéfice : réduire leur dépendance aux matières premières critiques et anticiper les quotas réglementaires à venir.
Vers un modèle économique circulaire de masse
Cette étude vient confirmer une tendance profonde : la circularité n’est plus un supplément d’âme, mais bien une architecture industrielle à part entière. Elle offre aux marques des leviers actionnables de compétitivité, tant sur les plans réglementaire, marketing, que stratégique.
« Au-delà de leur impact environnemental, les business models circulaires présentent de nombreuses opportunités pour les marques, comme fidéliser et acquérir de nouveaux clients, collecter des informations précieuses sur leurs produits, et sécuriser leur approvisionnement en matière première », résume Stéphanie Taupin, Directrice GSG chez KPMG France.
Mais pour que ce potentiel devienne une norme, l’étude appelle à une mobilisation coordonnée de l’ensemble de la chaîne de valeur : des designers aux régulateurs, en passant par les recycleurs, les logisticiens, les start-up technologiques et bien sûr, les consommateurs.
Un enjeu systémique pour une industrie de rupture
La circularité s’impose donc comme un changement systémique, et non une simple réforme sectorielle. En internalisant les contraintes écologiques, sociales et réglementaires, la mode européenne peut redevenir un laboratoire d’innovation industrielle, à l’heure où les modèles linéaires atteignent leurs limites économiques et environnementales.
Ce que révèle KPMG avec la FMC, c’est que la mode circulaire est désormais prête à changer d’échelle. Les marques auront-elles la capacité – et le courage stratégique – de transformer l’essai?