La mode dans les médias : les internautes réagissent à la disparition de Jennyfer
loading...
FashionUnited revient, chaque vendredi, sur un fait marquant de l’actualité mode. C’est une annonce choc qui a suscité de nombreuses réactions. Entre tristesse, nostalgie, regret et même révolte, l’officialisation de la liquidation judiciaire de l’enseigne Jennyfer n'est pas passée inaperçue.
Une industrie en crise
Pour les experts de l’industrie de l'habillement et du textile, cette nouvelle faillite met en évidence la crise profonde que traverse le secteur.
« Après un redressement judiciaire en juin 2023, la tentative de relance n’a pas suffi. Face à une inflation persistante, une hausse des coûts et une concurrence internationale féroce, [le] modèle économique [de Jennyfer] n’a pas résisté. (...) En 2024, la France a enregistré 67 830 défaillances d’entreprises, un record historique (+17 % vs 2023). Et 2025 s’annonce dans la même lignée, avec une pression accrue sur les PME et ETI », avertit un professionnel du retail sur Linkedin.
Sur X, la blogueuse beauté et spécialiste marketing BlackBeautyBag analyse le cas de l’enseigne : « La liquidation judiciaire de la marque, comme pour beaucoup d’autres dans le textile, ou d’autres secteurs, c’est dû à la récession, l’inflation, l’arrivée des PLT, Shein and co… Sans oublier le fait que les gens achètent beaucoup plus en ligne que dans les boutiques! D’autres enseignes l’ont compris, ce qui fait que beaucoup de boutiques d'enseignes comme H&M, Zara et consorts se concentrent sur des grandes villes. (...) La musique vit la même chose! (...) le pouvoir d’achat des consommateurs a baissé! Et le modèle économique du marché du textile a changé! On peut aussi rajouter le fait que les gens achètent beaucoup en seconde main! Des sites comme Vinted explosent! », observe-t-elle.
Jennyfer s’en va et laisse de beaux souvenirs aux Millennials
Si la marque peinait, ces dernières années, à attirer un jeune public, pendant des décennies, entre 2000 et 2010, Jennyfer était l’enseigne de référence pour les jeunes filles. Aujourd’hui trentenaires pour la plupart, elles se rappellent son impact et de nombreux souvenirs : « Adolescente, j'attendais les samedis avec impatience pour aller chez Don't Call Me Jennyfer. C'était bien plus qu’une marque. C’était une attitude, une liberté, un premier pas vers l’expression de qui on est à travers ce qu’on porte. Alors apprendre aujourd’hui que Jennyfer est placée en liquidation judiciaire, c’est un choc », se désole une cheffe d’entreprise sur Linkedin, dans une publication liker près de 2000 fois, qui a généré plus de 200 commentaires et a été republiée 70 fois.
Depuis une semaine, ces témoignages, empreints de nostalgie face à la fin d’une époque, se multiplient : « Jennyfer, la fin d’une marque générationnelle – une leçon de communication et de branding émotionnel (...) Un chapitre de la mode française s’achève. Après 40 ans d’histoire », observe un directeur qui travaille dans la mode.
Jennyfer, responsable de sa chute ?
Si certains reconnaissent les efforts de la marque, ces dernières années, pour se réinventer, d’autres lui reprochent de ne pas avoir su comprendre les besoins des clientes : « J'ai travaillé dans un Jennyfer il y a bien 8 ans et déjà à l'époque, la marque voulait élargir [sa] cible aux femmes de 20/25 ans. Ils ont essayé, en vain, car vraiment ça restait très axé sur les ados », raconte une utilisatrice sur X. Pour une autre, le problème est plus profond : « J'imagine que si Jennyfer ne faisait pas que des fringues pour des femmes qui mettent du 34, les magasins ne seraient pas en liquidation judiciaire ». Un reproche récemment fait à Prettylittlething lors de son changement d’image.
Shein, la bête noire ?
Depuis l’annonce de la liquidation judiciaire, les enseignes d'ultra-fashion sont pointées du doigt, avec en premier le géant chinois Shein.
« Shein propose 470 000 références sur son site. C’est 19 fois plus que H&M. Pour perspective, Pimkie en commercialise 863 et Jennyfer 642 sur leurs sites respectifs. Shein ajoute 7200 nouveautés par jour. Cette ultra-fast fashion repose largement sur la copie de designs existants (y compris ceux de créateurs indépendants), pour sortir des collections à une vitesse fulgurante. (...) N'oublions pas l'impact social : la fermeture de Jennyfer en France pourrait entraîner la perte de 1000 emplois supplémentaires dans notre pays d’ici fin mai, témoignant des conséquences directes de cette concurrence déloyale sur notre économie locale », se désole sur Linkedin, une cheffe de produit, évoluant dans la mode.
Aux États-Unis comme en Europe, les gouvernements cherchent les meilleures formules pour réduire l’impact et le succès de la fast fashion. Un premier pas vers la préservation des enseignes de mode locales.