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Saks Global en crise ouverte : des milliards de dettes et la colère des fournisseurs

By Diane Vanderschelden

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Saks Fifth Avenue Beverly Hills Facade Credits: Peter Christiansen Valli for Saks Fifth Avenue

Saks Global traverse une période de forte instabilité financière, sur fond de restructuration urgente. Moins de six mois après avoir finalisé l’ambitieuse fusion entre les deux icônes américaines du luxe, l’entreprise cherche désormais à rassurer ses créanciers et fournisseurs tout en explorant plusieurs pistes pour améliorer sa liquidité.

Une dette colossale et une restructuration en cours

En décembre dernier, Saks Global a levé 2,2 milliards de dollars en obligations pour financer le rachat de Neiman Marcus dans le cadre d’une opération à 2,7 milliards de dollars. Depuis, les marchés ont exprimé leur scepticisme, les obligations émises sont passées de 97 cents à environ 53 cents sur le dollar, selon Trace (via BoF), signe que les investisseurs doutent de la capacité du groupe à rembourser sa dette.

Standard & Poor’s a d’ailleurs attribué à Saks une note de crédit de “CCC+” en décembre 2024, signalant un risque élevé. L’agence considère que si le groupe dispose pour l’instant de suffisamment de liquidités pour fonctionner, sa structure capitalistique actuelle est « insoutenable » sans une réduction significative des coûts.

Pour faire face, Saks a mandaté des conseillers financiers de poids, Bank of America et PJT Partners, ainsi que les cabinets juridiques Willkie Farr & Gallagher et Kirkland & Ellis, selon WWD. L’objectif : renforcer le bilan, rassurer les créanciers et éviter un scénario de faillite. Marc Metrick, CEO du groupe, a indiqué à Bloomberg que Saks planche actuellement sur un prêt « first-in, last-out » (FILO) de 300 à 350 millions de dollars, adossé à une ligne de crédit existante de 1,8 milliard.

400 millions de liquidités, mais une confiance fragilisée

Officiellement, Saks disposerait encore de 360 à 400 millions de dollars de liquidités. Mais malgré cette trésorerie, la pression monte. L’échéance de 120 millions de dollars en intérêts prévue en juin inquiète les détenteurs d’obligations, d’autant que le contexte économique demeure imprévisible, notamment pour les consommateurs du luxe. « Nous sommes dans un monde turbulent avec beaucoup d’incertitudes », admet le CEO.

Saks compte aussi sur la vente (ou le sale-leaseback) d’actifs immobiliers, valorisés à 3,5 milliards de dollars, pour dégager de la liquidité. Par ailleurs, des synergies avec Neiman Marcus, estimées initialement à 100 millions de dollars, pourraient atteindre 150 millions dès cette année.

Tensions avec les fournisseurs : un signal d’alarme

Mais le point de friction le plus préoccupant réside dans la relation avec les marques partenaires. Dans une note datée du 14 février, Marc Metrick reconnaît un arriéré de paiements de 18 mois. Il y détaille un plan d’échelonnement des dettes fournisseurs sur un an, à partir de juillet. Cette annonce, au lieu d’apaiser les tensions, a soulevé de vives inquiétudes. Certains petits fournisseurs, en difficulté, n’ont pas été payés depuis plusieurs mois, selon Retail Dive.

La réaction du secteur n’a pas tardé. « C’est presque du chantage : ‘livrez ou vous êtes sortis de notre catalogue’ », déplore Liza Amlani, de Retail Strategy Group. D’autant que 2 % des clients de Saks génèrent 40 % des ventes — une base qui, bien que fidèle, reste très sensible à la volatilité des marchés.

Luxe, Chine et incertitude tarifaire

Autre nuage à l’horizon : la menace des tarifs douaniers. Une partie importante de l’assortiment contemporain (environ 20 % des ventes) est fabriquée en Chine, ce qui pourrait peser sur les marges. Les produits de luxe européens pourraient eux aussi connaître des hausses de 10 à 15 %, en ligne avec les années précédentes.

Dans ce contexte tendu, Saks entend maintenir ses nouveaux délais de paiement à 90 jours pour les commandes en cours, mais promet un retour progressif à la normale.

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