Une escroquerie deepfake : quand l’intelligence artificielle piège les élites italiennes
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Les grandes figures du monde des affaires en Italie, dont Giorgio Armani, Patrizio Bertelli (Prada) et Massimo Moratti (ex-propriétaire de l’Inter Milan), ont récemment été la cible d’une fraude d’une ampleur inédite. Selon Yahoo, des escrocs ont utilisé l’intelligence artificielle pour cloner la voix du ministre de la Défense, Guido Crosetto, dans le but d’extorquer d’importantes sommes d’argent. Une fraude sophistiquée qui révèle les nouvelles menaces pesant sur les entreprises et les personnalités influentes.
Une arnaque d’un nouveau genre
L’arnaque consistait en des appels téléphoniques où les victimes étaient persuadées d’échanger avec le ministre ou son entourage. Le prétexte avancé ? Une collecte de fonds urgente pour libérer des journalistes italiens prétendument retenus en otage au Moyen-Orient. WWD rapporte qu’au moins une personne s’est laissé prendre au piège, réalisant deux virements d’un montant total de 1 million d’euros vers un compte basé à Hong Kong, croyant être remboursée par la Banque d’Italie.
Un schéma bien rodé
Les fraudeurs ne se sont pas contentés d’usurper la voix du ministre. D’après Today.it, ils ont également falsifié des numéros de téléphone pour donner l’impression que les appels provenaient du ministère de la Défense à Rome. Plusieurs chefs d’entreprise ont reçu des sollicitations de la part d’un certain « Dr Giovanni Montalbano », se présentant comme un collaborateur direct de Crosetto. Heureusement, la vigilance de certains assistants a permis de stopper la supercherie avant qu’elle ne fasse plus de dégâts.
Dans le cas de Menarini, l’assistante du directoire a rapidement identifié l’arnaque. « Nous recevons régulièrement des appels suspects », a confié Lucia Aleotti au Corriere della Sera. Chez Giorgio Armani, le personnel a exigé une confirmation écrite du ministère, ce qui a mis fin à la tentative de fraude. Quant à la famille Beretta, elle a immédiatement flairé l’entourloupe, ayant des liens directs avec Crosetto.
Une tendance inquiétante
Cette affaire s’inscrit dans une montée en puissance des escroqueries exploitant l’intelligence artificielle. Le ministre Crosetto a choisi de médiatiser l’affaire sur X afin d’éviter d’autres victimes. « Il s’agit de professionnels du crime, dotés de technologies avancées », a-t-il déclaré à la télévision italienne.
En Italie, d’autres escroqueries de ce type ont déjà fait parler d’elles. Récemment, une femme âgée a été dépouillée de 30 000 euros après avoir reçu un appel d’une fausse fille en détresse. L’essor de ces nouvelles fraudes met en lumière les défis posés par l’IA et la nécessité de renforcer la sensibilisation et les mécanismes de vérification.
Un écho en France : la traçabilité des cryptomonnaies en renfort
Cette affaire rappelle un autre scandale survenu en France en janvier 2025. Selon Le Monde, David Balland, cofondateur de Ledger, a été enlevé avec sa femme par un groupe de criminels exigeant une rançon en cryptomonnaie. Grâce à la traçabilité des flux financiers en crypto, les autorités françaises ont pu retrouver les coupables et libérer les otages après une traque de 48 heures.
Dans une interview sur France Inter, le cofondateur de Ledger a tenu à souligner un point capital: contrairement aux idées reçues, la cryptomonnaie n’est pas un outil favorisant la fraude, et peut s’avérer être un moyen efficace de retrouver des fonds détournés, comme l'illustre cette affaire. Celle-ci révèle d’ailleurs l'ambivalence des technologies actuelles : si l'IA et la blockchain peuvent être utilisées pour tromper, elles offrent aussi des outils puissants pour contrer ces menaces.
Un enjeu de cybersécurité pour les entreprises
Ces affaires soulignent l’importance grandissante pour les entreprises et leurs dirigeants de mettre en place des protocoles de vérification rigoureux face aux nouvelles techniques d’escroquerie. La montée en puissance des deepfakes vocaux et des fraudes basées sur l’intelligence artificielle impose aux entreprises de renforcer leurs dispositifs de cybersécurité et d’éducation interne.
L’alerte est lancée : à l’ère numérique, l’information ne suffit plus, il faut aussi s’assurer de son authenticité.