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Au musée de l’Homme, l’exposition Wax retrace l’histoire du célèbre tissu 

By Sharon Camara

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Culture|Interview
Au musée de l’Homme, l’exposition Wax retrace l’histoire du célèbre tissu. Credits: Courtesy of MNHN - A. Latzoura

Un tissu, trois continents et une histoire parfois méconnue. Jusqu'au 7 septembre, le musée de l’Homme à Paris présente son exposition sobrement baptisée « Wax », qui retrace l’histoire et l’évolution de ce tissu, de sa création en Asie, à son succès fulgurant sur le continent africain, en passant par sa fabrication industrielle en Europe. 

Situé en plein cœur de la capitale, le musée de l’Homme accueille l’exposition « Wax », dans le cadre de sa saison sur le thème « Migrations, une odyssée humaine », débutée le 27 novembre 2024 et qui se poursuit jusqu’au 8 juin 2025. 

Les visiteurs ont accès à deux salles pour découvrir le wax.  Au sein du Balcon des Sciences, au deuxième étage, des photos, des documents originaux et des tissus permettent de retracer l'histoire du wax, depuis plus de 120 ans entre Asie, Europe et Afrique. Au premier étage , il est question de l’actualité du wax sur la scène de la mode, du design et de l'art contemporain.  Libre à chaque visiteur, selon ses envies et ses connaissances, de décider où commencer son expérience. 

« C’est une exposition très plaisante et grand public sur un tissu que tout le monde connaît et a déjà vu », explique à Fashionunited, Manuel Valentin, responsable des collections d’anthropologie culturelle au musée de l’Homme. Il est aussi l’un des commissaires de l’exposition. « 95% des personnes que nous rencontrons pensent que le wax est uniquement africain, pourtant les origines sont beaucoup plus riches », explique-t-il. 

La création du wax suscite de nombreuses interrogations, des mythes ont été créés autour de l’histoire et un doute subsiste. 

Ce tissu de coton imprimé sur les deux faces puise son origine en Indonésie. Il s’inspire du Batik, un tissu teint grâce à une technique de réserve à la cire (wax en anglais). 

L’histoire du wax, tel qu’il est connu aujourd’hui, débute au 19e siècle.  Les premiers exemplaires sont fabriqués par des entrepreneurs néerlandais qui cherchent à reproduire les traditionnels batiks indonésiens, qu’ils destinent au marché indonésien. Le succès n’est pas au rendez-vous pour ces imitations. Selon la légende, des soldats ghanéens, enrôlés à Java par les Néerlandais au milieu du 19e siècle, emportent quelques-uns de ces tissus lors de leur retour dans leur pays, la Côte-de-l'Or (actuel Ghana). Une version de l’histoire, connue et répandue, qu’il est pourtant difficile de confirmer. Une chose est sûre, c’est sur le continent africain que le wax connaîtra alors ses heures (et même des décennies) de gloire. 

Les Européens décident alors de réorienter leur production vers leurs colonies ouest-africaines. À partir de la seconde moitié du 20e siècle, la production du wax se développe au Nigeria, au Bénin ou encore au Burkina Faso. 

« Cela démontre l’impact des déplacements humains et des migrations », rappelle le commissaire.  

Une tenue de mariage traditionnelle, en Wax. Credits: MNHN - A. Latzoura

Le Wax, entre polémiques et accusations d’appropriation culturelles  

Depuis plusieurs années, l’évolution du wax est confrontée à deux polémiques. Tandis que certains reprochent au tissu d’être un héritage colonial, d’autres dénoncent une appropriation culturelle lorsqu’il est utilisé en dehors de l’Afrique 

« Actuellement, le wax n’appartient plus à personne. Mais il est vrai qu’il y a des usages préférentiels, majoritairement en Afrique, occidentale et centrale », reconnaît Manuel Valentin. Pour le responsable des collections d’anthropologie culturelle, ces questions ne devraient pas être sujettes à polémique. 

« Le Wax rencontre un grand succès dans les pays du golfe de Guinée (Guinée, Sierra Leone, Liberia, Côte d'Ivoire, Ghana, Togo, Bénin, Nigeria, Cameroun, Guinée équatoriale, Gabon, NDLR) et aussi au Sénégal. L’Europe a mécanisé la production du wax avant que celle-ci ne se développe aussi en Afrique. Les chinois sont ensuite arrivés massivement sur ce marché », rappelle-t-il. 

Parmi les principales entreprises de wax, il y a la néerlandaise Vlisco, basée aux Pays-Bas. Sa succursale ivoirienne, Uniwax, ouverte en 1967, a très vite su s’imposer sur le marché. 

Au moment même où les « Nanas Benz » débutaient leur ascension fulgurante. 

Les Nanas Benz et les heures de gloire du Wax 

Avec les Nanas Benz, le wax atteint une autre dimension dans les années 60. Bien plus qu’un simple tissu, bien plus qu’un accessoire mode, le wax devient alors un outil d’émancipation pour ces revendeuses de pagnes Wax originaires du Togo. 

« Ces femmes togolaises ont d’abord commencé par s’approvisionner en tissu Wax au Ghana. Elles arrivent ensuite à convaincre les grandes sociétés occidentales de venir s'installer au Togo, à Lomé, la capitale », explique le commissaire.

Le succès est au rendez-vous. Les Nanas Benz font fortune dans ce commerce, elles sont connues, considérées et respectées. Dans la société togolaise, elles ont une parole qui porte et côtoient les principales personnalités politiques du pays, dont le président de la République. 

« Sans elles, Vlisco n’aurait pas eu une telle longévité » affirme Manuel Valentin. 

Un tissu, plusieurs messages 

Avec ses couleurs et ses motifs, le wax est très vite devenu un canal pour diffuser des messages. Certains d’entre eux sont devenus très célèbres. 

Manuel Valentin présente le tissu baptisé « Tu sors, je sors ». Une cage à oiseaux qui représente la métaphore d’un couple au sein duquel le conjoint est volage et la femme tente de s’accrocher. Credits: Fashionunited
Le tissu « tu sors, je sors » Credits: MNHN - A. Latzoura
Le célèbre sac Michelle Obama, en hommage à l’ancienne première dame américaine. Credits: Fashionunited
Le célèbre sac Michelle Obama, en hommage à l’ancienne première dame américaine. Credits: Fashionunited
Un tissu, en hommage au premier président ivoirien, Félix Houphouët Boigny. Credits: Fashionunited

L'exposition « Wax » est à découvrir au Musée de l’Homme jusqu’au 7 septembre 2025. 

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