Exposition au musée de la mode de Paris : Rick Owens pisse sur le monde actuel
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« Rick Owens, Temple of love », exposition qui se tient jusqu’au 4 janvier 2026 au Palais Galliera (musée de la Mode de Paris), montre comment l’esthétique radicale de Rick Owens reflète ses préoccupations sociétales. À l’heure où on ne peut plus faire de la mode juste pour faire de la mode, cet angle de vue est salutaire.
« Le monde peut être très critique et excessivement moralisateur. Je me sens responsable de contrebalancer cela par une débauche jubilatoire ». Ce texte écrit dans la salle trois du musée de la Mode donne le ton de la radicalité du créateur américain et de sa muse Michèle Lamy.
Interdite de photos et aux enfants, on y voit une statue géante du créateur américain, torse nu et pecs saillants, en train d’uriner dans un courant d’eau comme s’il « pissait » sur le monde.
En réalité, il ne rejette pas les normes, il propose une autre voie, inclusive et transgressive. À la manière des punks, il revendique une esthétique décadente, en opposition à l’hypocrisie moralisante des sociétés occidentales.
Ses combats portent sur l’identité de genres, se faisant le défenseur et porte-parole de tous les gens dits « bizarres » par la bourgeoisie dominante, qu’ils soient queers, drogués, dépravés, hors normes, etc.
Il est également préoccupé par les catastrophes écologiques qui s’annoncent si rien ne bouge. Aussi, même s’il utilise encore beaucoup de cuir dont la soutenabilité est discutable, ses vêtements ne suivent aucune tendance saisonnière du marché. Il transforme l'art de la coupe en une véritable pratique sculpturale. C’est, dixit le communiqué, sa « réponse esthétique et politique à l’urgence écologique et aux régimes réactionnaires ».
Rick Owens : une esthétique du hors norme, de la décadence assumée et de la tendresse radicale
Dès 2016, lors de la première élection de Donald Trump à la présidence des États-Unis, il dénonce ce climatosceptique, masculiniste, conservateur en accentuant lui-même sa radicalité. « Il y a des années, j'ai juré que je ne montrerais jamais sur le podium des créations que j'estime difficiles à porter. Mais les choses changent. Montrer de beaux vêtements ne suffit plus », peut-on lire sur les pancartes de l’exposition.
Enfin, Rick Owens médite sur son rapport à l'histoire et au temps, appelant à l'humilité de l'homme face à sa propre insignifiance. Une ode à l'amour et à la tolérance comme une ultime bravade.
À l’heure où la mode peut sembler (et l’est probablement) superficielle, non essentielle, hors sol, de tels propos dans un musée national font sens pour notre secteur d’activités.