« La mode en mouvement », spécial sports d’hiver, pose la question de notre mémoire collective

Jusqu’au 12 octobre 2025, le Palais Galliera (Musée de la Mode) met en scène, dans son sous-sol, des vêtements, accessoires, affiches publicitaires et pages de magazines relatifs aux sports d’hiver, dans le cadre du troisième volet de son exposition « La mode en mouvement ».

Ces nombreuses archives papier, issues du patrimoine muséal (Palais Galliera, Musée National du Sport de Nice, musée Carnavalet) ou de bibliothèques (Forney, Bibliothèque historique de la Ville de Paris) sont l’occasion de s’interroger sur la question de notre mémoire collective à l’heure d’Internet.

Parmi les trésors exposés, citons cette robe d’Elsa Schiaparelli qui, à la fin des années vingt, imagine une mode confortable et élégante. Dans sa boutique baptisée « Schiaparelli - Pour le Sport », elle propose, notamment, pull-over, maillots de bain et pyjamas en tricot, introduisant une série d'innovations techniques telles que l'utilisation de la fermeture à glissière, envisagée comme un élément décoratif ornant les vêtements pour le sport, pour la ville ou pour le soir.

L’exposition revient également sur l’histoire de Fusalp, une griffe iconique pour les sports d'altitude. Fondée en 1952 à Annecy par un duo de tailleurs, Fusalp crée la première combinaison de ski de compétition. Présentant une coupe aérodynamique grâce à l'innovation B-Stretch, elle décuple les performances sportives. Portée par Léo Lacroix aux mondiaux de Portillo (Chili) en 1966, elle permet au skieur français de réaliser des exploits et est décrite par la presse comme l'arme secrète de l'équipe de France.

Quid de nos souvenirs quand l'objet papier n'existe plus ?

Cette évocation de la presse nous amène directement à la réflexion qui a occupé notre esprit au cours de la visite. En effet, de nombreuses archives montrent des pages de magazines ou des affiches pour les campagnes publicitaires. Un fait qui est d’ailleurs notable dans toutes les expositions.

Comment se souviendra-t-on des images du passé quand, de manière volontaire et libre, les gens, les marques ou les sociétés auront rincé, comprenez effacé, les traces de leur passage sur le web ? Que ce soit sur les réseaux sociaux (c’est la grande mode aujourd’hui de repartir d’un profil Instagram vierge) ou que ce soit en se désabonnant d'un réseau social (beaucoup quittent X pour des raisons politiques).

De même, quid des magazines digitaux qui cessent leur activité et coupent leur site ? Ce questionnement commence à être au cœur des discussions de la fashion sphère et méritait de saisir l’occasion de l’exposition « La mode en mouvements » pour être abordé.