Collection automne-hiver 2024/2025 : Saint Laurent provoque en montrant des femmes nues
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Paris Fashion Week, 29 février 2024, place de Varsovie : en optant pour des vêtements audacieusement transparents, Anthony Vaccarello, directeur artistique de la marque de luxe Saint Laurent, signe une collection séduction et provoque. Etait-ce le bon moment pour montrer des femmes nues ?
« La pureté peut-elle être provocante ? » questionne le communiqué en évoquant « des robes en soie très ajustées, semblables à des sous-vêtements (style collants) transparents, qui révèlent et enveloppent simultanément la femme qui les porte » ou encore « la robe "nue" portée par Marilyn Monroe, référence iconique de la maison Saint Laurent. »
Quand vêtement et peau se fondent, le tissu s'évapore comme une brume et perfore les convenances
On serait tenté de dire qu’à l’heure où le rapport au corps féminin est plus que jamais bousculé – cf. le pavé dans la mare de Judith Godrèche, les films et écrits sur le libre consentement, les questions de harcèlement, les slogans « mon corps n’est pas une marchandise » scandé par les ligues féministes, bref à l'ère de metoo – se servir du corps féminin comme d’un appât pour valoriser une collection de mode est une incitation délibérément provocante.
Anthony Vaccarello met ici la féminité, au sens où l’entendait feu Yves Saint-Laurent, sur un piédestal : talons hauts, jupes cintrées tombant juste en dessous du genou, bijoux omniprésents et turbans (double provocation) comme à l’époque de Loulou de la Falaise, manteaux en innombrables plumes de marabout et costume en crêpe georgette. Provocation ou pas, sa collection automne-hiver 2024/2025 est une ode à une féminité sexuée. Une femme qui s’offre, et alors ?
Reste que c’est un défilé et que, pour satisfaire son marché (notamment au Moyen-Orient ou en Asie), la collection sera vraisemblablement adaptée aux mœurs locales. Quid des éditoriaux de mode dans les magazines ? Aujourd’hui, de nombreuses rédactions rechignent à montrer des images trop sexy et envoient des consignes dans ce sens à leurs stylistes. On est très loin de l’esprit libertaire des années 70. Encore plus loin du fétichisme des années 90. Néanmoins, la mode créative est un éternel revival. Dont acte.