Face à l’ANDAM, Stéphane Ashpool, Sarah Lévy, Burc Akyol et Jeanne Friot défendent une mode de convictions
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À l’occasion du premier GIEC de la mode (Paris Good Fashion) et à la veille de la remise des prix de l’ANDAM 2025, Nathalie Dufour a réuni un ancien et des nominés aux ANDAM Fashion Awards 2025 pour parler liberté et engagement.
Stéphane Ashpool (Pigalle), Sarah Levy (lauréate du prix accessoires de mode de l’ANDAM 2025), Burc Akyol (lauréat du prix Pierre Bergé 2025) et Jeanne Friot (nominée pour le prix Pierre Bergé 2025), réunis à l’occasion d’une table ronde en pleine verdure par Paris Good Fashion, évoquent ce qu’il leur semble important pour dessiner la mode de demain.
Stéphane Ashpool, concepteur des tenues officielles des Jeux Olympiques de Paris 2024 revendique une démarche avant tout humaine : « Je ne fais pas d’inclusion, je suis comme ça ». Il défend « la création avant le profit », et considère sa liberté artistique comme « un luxe immense ».
Loin des temporalités de la mode traditionnelle, Sarah Lévy refuse la surproduction : « quand je n’ai plus de cuir, je ne produis plus. C’est aussi simple que ça ». Qualifiée de « sociologue de l’accessoire », elle interroge la fonctionnalité des objets, « le sac à main, la casquette : tout était figé. Moi, je voulais de la fluidité. Un soutien-gorge peut devenir pochette ». Mère engagée, elle souligne aussi la difficulté de conjuguer maternité et création dans un milieu encore exigeant.
Burc Akyol, designer franco-turc, explore les tensions entre héritage culturel et identité personnelle. Il évoque son propre dialogue entre féminité assumée et masculinité retrouvée : « Je me maquillais et m’habillais en femme, mais je reste un garçon gay. Je respecte la souveraineté du corps féminin ». Artisan convaincu, il refuse de céder aux diktats du système : belles matières, prix justes, aucun compromis : « je ne suis pas là pour remplir des caisses. Le vêtement a un supplément d’âme ».
Inspirée par Monique Wittig ou Judith Butler, figures du féminisme, Jeanne Friot questionne les normes de genre et d’inclusion à travers une mode non genrée, construite à partir de tissus upcyclés et de stocks dormants. Elle se bat pour que les jeunes créateurs et créatrices puissent rester fidèles à leur vision tout en survivant économiquement : « on fait des vêtements précieux, porteurs de sens. Et nos clients l’entendent ». Interrogée sur la question de la souffrance animale inhérente à l’utilisation du cuir, elle répond préférer le polyester recyclé, plus adapté au vestiaire des danseurs et des drag-queens, communauté dont elle est proche.