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Haute Couture automne-hiver 2025 : quels défilés vont influencer la mode des saisons à venir ? 

By Florence Julienne

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Mode|En Images
Iris van Herpen, Haute Couture automne-hiver 2025/2026 Credits: ©Launchmetrics/spotlight

Parmi les faits marquants de la Haute Couture Week parisienne juillet 2025, après le baroud d’honneur de Demna Gvasalia pour Balenciaga, la Couture automne hiver 2025-2026 ouvre la voie à une mode à la fois artisanale et technologique, qui recycle joyeusement (Glenn Martens pour Maison Margiela, Germanier) et place le respect de la nature (Ronald van der Kemp et Iris van Herpen) au cœur d’un processus créatif innovant.

La première chose à rappeler est le nom des absents notoires, en grande partie dû au jeu des chaises musicales qu’ont opéré les grandes maisons : Jonathan Anderson (Dior) réserve sa première collection haute couture pour janvier 2026 ; Duran Lantink (Jean Paul Gaultier) défilera en septembre 2026, marquant ainsi la fin du modèle de créateurs invités et le retour aux collections prêt-à-porter ; Alessandro Michele (Valentino) ; Matthieu Blazy (Chanel, qui a pourtant présenté une collection). Mais aussi des maisons françaises comme Alexis Mabille ou Julien Fournié.

Balenciaga : quand Demna Gvasalia fait du Demna Gvasalia avant son départ pour Gucci

Balenciaga Couture 2025 Credits: ©Launchmetrics/spotlight

Restent les moments forts, à commencer par le dernier défilé de Demna Gvasalia pour Balenciaga qui s’est tenu dans le cadre intimiste des salons historiques de la maison (avenue George V, Paris 8ᵉ). Intimiste est une façon ironique d'évoquer la foule amassée à l’entrée pour voir la cohorte de stars invitées en front row (Aya Nakamura, Katy Perry, Nicole Kidman, Lauren Sánchez Bezos, Cardi B, etc.) ou à défiler (Kim Kardashian, Isabelle Huppert, Naomi Campbell).

Tranchant avec ce côté «look at me, i'm famous », la bande-son du show a égrainé le prénom des collaborateurs, pour finir par Demna et enchaîner sur la chanson « No Ordinary Love » de Sade, comme un reflet de cette mode « pas ordinaire » que propose Demna. En l’occurrence, un best of de ce qui fait sa signature (et qu’on a pu retrouver dans l’exposition qui lui a été consacrée) : tailleurs pour femmes aux épaules démesurées et robe couture structurées, vestes oversized pour hommes et hommage à la nuisette que portait Elizabeth Taylor dans le film « La chatte sur un toit brulant » pour Kim K.

Kim Kardashian for Balenciaga Couture 2025 Credits: ©Launchmetrics/spotlight

Seul clin d’œil à sa prédilection pour le streetwear, absent du show, et fait inédit : Demna Gvasalia a fait le tour du podium vêtu d’un hoodie noir, d’un pantalon extra-large imprimé militaire et coiffé d’une casquette (portée sous la capuche du hoodie, pour le style). En backstage, il aurait dit : « Habillé d’un hoodie et d’un jean, avec une casquette de baseball, j’ai l’impression de faire mon coming out » (source The Cut). Une façon habile de laisser penser que tout va changer quand il sera DA chez Gucci, dont le premier défilé est annoncé en mars 2026.

Maison Margiela et Germanier : l’avenir de la mode passera par la joie de recycler, ou ne passera pas

Pour incarner ce lien entre la Couture et la street culture, il fallait aller du côté de la première collection de Glenn Martens pour « Artisanal », nom donné aux collections Couture de la maison. Pour rendre hommage à Martin Margiela, le créateur de la marque éponyme, le nouveau DA a défilé dans les sous-sols du Centquatre (Paris 19ᵉ), dernier lieu où Martin avait défilé.

Maison Margiela FW25 Credits: Maison Margiela

Surfant sur l’ADN de la maison (la récupération, l’upcycling, l’anonymat, le détournement d’objets), il a privilégié un décor fait de murs en papier peints déchirés, a recouvert le visage des mannequins de masques, fabriqués à partir de boîtes métalliques écrasées, papier verni et tulle illusion (tissu ajouré, façonné par un réseau de mailles régulières de fins fils de polyester). Il a créé des looks confectionnés à base de sacs en plastique froissés et une impressionnante robe dorée, réalisée avec des fils et câbles d’ordinateurs recyclés.

Look 10 : robe avec une jupe drapée en forme de cœur en tissu doré et tissé avec des fils métalliques. Credits: Maison Margiela

Chemin faisant, Glenn Martens a montré que la Couture est la voie royale pour s’adapter à une nouvelle et nécessaire façon de faire de la mode, tant sur le plan écologique qu'éthique. L’avenir de la mode réside dans la capacité des maisons à s’adapter à ce qu’il reste de ressources naturelles. Il passera par le recyclage, ou ne passera pas, pour paraphraser Malraux. En cela, la Couture joue un rôle primordial, d’autant qu’elle s’inscrit dans une démarche artisanale, expérimentale, artistique.

Le recyclage est précisément le point fort du créateur suisse Kevin Germanier qui confie à FashionUnited : « le jour où ma Couture ne sera pas réalisée à partir d'éléments recyclés, ce ne sera plus la peine d’assister à mes shows ». Et d’ajouter dans le communiqué, à propos de sa collection « les Joueuses » : « nous vivons une époque lourde, politiquement, socialement, économiquement. Mon rôle est d’apporter de la lumière et c’est ce qui anime mon travail. Cette collection en est une réponse directe. Je voulais de la joie sur le podium ». Ce, pour trancher avec un certain manque d’enthousiasme de coudre des restes.

Germanier Haute Couture automne-hiver 2025/2026 Credits: Germanier

Silhouettes en cuir upcyclé, précédemment utilisées pour l’Eurovision 2025, technique signature de tissage de perles récupérées, robe finale conçue à partir de papier japonais recyclé, plumes issues de créations passées, le discours est aligné jusqu’au décor, fait de ballons en plastique, « rejetés pour des défauts de couture, mais qui serviront pour mon prochain show » explique le créateur à FashionUnited.

Germanier Haute Couture automne-hiver 2025/2026 Credits: Germanier

Ronald van der Kemp et Iris van Herpen : quand la couture fait de la nature, recyclée ou vivante, une matière à création

Autre acteur phare du changement, le Hollandais Ronald van der Kemp, qui upcycle uniquement des chutes et des tissus de luxe récupérés. Pour sa collection Couture AH26. « Call of the Wild », il est allé encore plus loin en faisant une ode à la nature, notamment à la forêt amazonienne, et en explorant le biomimétisme. « On ne se rend pas compte à quel point nous avons toutes les solutions », disait l’expert Alain Renaudin, à l’occasion de Paris Good Fashion.

RDVK Ronald van der Kemp Haute Couture automne-hiver 2025/2026 Credits: ©Launchmetrics/spotlight

Cette reconnexion avec la nature nous vient décidément des Pays Bas avec une autre créatrice de renom : Iris van Herpen. Cette dernière a mis en avant la relation entre les humains et la mer, soulignant la fragilité de cet écosystème vital via une ambiance multisensorielle son / lumière / odeur (en partenariat avec le parfumeur Francis Kurkdjian).

Iris van Herpen a utilisé des fibres textiles créées en laboratoire par fermentation microbienne, issues de matières végétales, biodégradables, innovantes et luxueuses, alternatives écologiques à la soie ou au cachemire.

Iris van Herpen Haute Couture automne-hiver 2025/2026 Credits: ©Launchmetrics/spotlight

La pièce phare de son défilé intitulé « Sympoiesis », qui signifie « cocréation entre espèces », était une robe vivante réalisée avec 125 millions d’algues naturelles bioluminescentes. Cultivées dans un gel nutritif, elles réagissent au mouvement en émettant une lumière bleue cyan. De quoi éclairer la profession sur la voie à emprunter pour une mode créative qui a du cœur. Et un futur.

Iris van Herpen Haute Couture automne-hiver 2025/2026 Credits: ©Launchmetrics/spotlight
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