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Romanian Fashion Week : six acheteurs parisiens en mission repérage

By Florence Julienne

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Mode|EN IMAGES
IrinaSchrotter Credits: Romanian Fashion Week

Isetan, Agora, Isho Concept, Distelle Paris et 10 Lines consulting :  six acheteurs parisiens, invités à la Romanian Fashion Week de Iasi, ont découvert une scène créative. Jeunes talents, savoir-faire ou production locale, la mode roumaine les a surpris. FashionUnited a recueilli, en exclusivité, leurs impressions et coups de cœur.

Ils sont six, tous représentants d’une ou plusieurs boutiques multimarques : Asano Miyazaki et Akane Tsuchihashi pour le grand magasin Isetan ; Alex Duarte et Sébastien Gibert pour la boutique multimarques ⁠Agora (rue du Temple, Paris 3ᵉ), également fondateurs de la marque The hideout clothing ; Mongue Din Harold Lloyd pour Isho Concept (rue Notre Dame de Nazareth, Paris 3e) ; Alan Avenelv pour le eshop Distelle Paris ; et Song Pham pour 10 lines consulting (bureau d’achat pour des boutiques égyptiennes, chinoises et ukrainiennes).

Toutes et tous ont fait le déplacement dans la région moldave (Roumanie), invités par la Romanian Fashion Week, à la découverte de ce que peut leur offrir la mode locale. De ce pays, ils ne connaissent rien et sont dans l’expectative que de ce qui pourrait les séduire.

La volonté de dénicher des marques créatives réunit les acheteurs en Roumanie

Elles et ils vont être servis, car la Romanian Fashion Week, 25 ans d’existence, a le désir de mettre en avant la jeune génération roumaine. Pour cela, les organisateurs n’hésitent pas à faire défiler des étudiants tout droit sortis d’école. Ce, sur un immense podium au cœur de Iasi, ville réputée pour être la capitale culturelle et spirituelle (au sens religieux) du pays.

Du vendredi 23 au samedi 24 mai 2025, les buyers, tous basés à Paris, ont donc pu assister aux présentations de collections sorties d’école. Et, le dimanche 25 mai, à celles de marques plus établies.

Qu’en ont-ils pensé, en général et en particulier ? Ont-ils déjà des vues sur certains designers ? sont les questions que FashionUnited leur a posées. Interviews exclusives.

Raluc, coup de cœur Isetan Credits: Romanian Fashion Week

Asano Miyazaki pour Isetan

Je suis allée à Kiev, en 2019, ainsi qu’à Tbilissi (Géorgie), mais c’est la première fois que je me déplace en Roumanie. Nous achetons quelques marques ukrainiennes, comme Litkovska et sommes influencés par ce qu'a apporté Demna Gvasalia, créateur géorgien, à la mode occidentale.

Le niveau, tant de l’organisation que des collections, est plus évolué que je ne l’imaginais. C’est sans doute dû au fait que c’est un pays de fabricants. La fabrication est une chose importante pour nous, de même que le choix des matières et le style. Pour l'instant, je n’ai pas encore reçu de consignes concernant le printemps-été 2026.

Irina Schrotter, coup de cœur Isetan Credits: Romanian Fashion Week

Nous avons concentré notre attention sur le troisième jour, qui n’était pas réservé aux étudiants. Trois marques ont retenu notre attention : Raluc, Irina Schrotter et Axente. Je vais préparer un dossier avec tout ce que j’ai vu et montrer ma sélection à Isetan.

Axente, coup de cœur Isetan Credits: Romanian Fashion Week

Alex Duarte et Sébastien Gibert pour Agora

Nous sommes curieux. On aime s’inspirer, découvrir de nouvelles cultures, comprendre comment les choses fonctionnent. Cette envie de partage nous a motivés à venir. On se disait : pourquoi ne pas apporter des marques roumaines au marché français ?

Leur autonomie est remarquable. Beaucoup produisent localement, ils ont donc une maîtrise globale du work process, de la création à la fabrication.

Sébastien Gibert : Je ne connaissais pas du tout les marques d'Europe de l'Est. J’imaginais une mode rudimentaire, j’ai découvert un univers plus abouti que je ne l’imaginais, au niveau de la fabrication et du savoir-faire technique. Le travail de broderie est tout simplement impressionnant, je n’avais jamais vu ça auparavant. L’expérience a été une belle surprise.

J’ai eu un vrai coup de cœur pour Andrea Tincu et Lenca. Leur sens du mix m’a séduit : les associations de couleurs, la composition. C’est audacieux et maîtrisé. Les matières donnent une impression de luxe, avec beaucoup de personnalité. C’est ce que j’aime.

Andrea Tincu, coup de cœur Agora Credits: Romanian Fashion Week
Lenca, coup de cœur Agora Credits: Romanian Fashion Week

Alex Duarte : J’ai ressenti une vraie connexion avec Scapadona. Les modèles semblent simples, au premier abord, mais les détails — les coupes, les matières, les looks — révèlent un vrai travail. En ce moment, je suis attiré par ce qui tourne autour de la nature, de la bohème et des prairies. Je pense qu’il y aura une vraie tendance bohème pour le printemps-été 2026. D’un point de vue commercial, c’est une esthétique facile à vendre. J’ai aussi aimé Daniel Radu.

Scapadona, coup de cœur Agora Credits: Romanian Fashion Week
Daniel Radu, coup de cœur Agora Credits: Romanian Fashion Week

Harold Lloyd Mongue Din pour Isho Concept

Dans mon concept store, j'essaie de vendre des articles qui viennent de tous les continents. Je me concentre sur les designers, émergents ou établis, qui ne sont pas connus au niveau international. La Romanian Fashion Week est une opportunité. Je ne savais pas du tout à quoi m'attendre. On entend peu parler de la Roumanie, d'autant plus dans la mode. Je suis venu sans a priori.

En ce qui concerne les étudiants, j'ai constaté beaucoup de créativité. Ils tentent, s'essayent, sont toujours dans l'expérimentation. Certes, cela manquait de cohérence par rapport à ce que je propose en boutique, mais j'ai quand même été agréablement surpris.

Andrada Negru, défilé étudiants Credits: Romanian Fashion Week

Pour le printemps-été 2026, je recherche des produits très travaillés en termes de matières et de coupes. Je me concentre sur des pièces facilement portables. Les collections qui ont défilé le dernier jour en proposent. À ce titre, le défilé d'Irina Schrotter était le plus pertinent.

Les pièces en denim étaient intéressantes. Il y avait aussi des robes sympathiques, élégantes et raffinées. J’achète la majorité de ma marchandise et j'ai quelques pièces en dépôt-vente. Pour le coup, ici, tout dépend du pricing. Je ne connais pas le positionnement prix de cette créatrice.

Irina Schrotter, coup de cœur Isho Concept Credits: Romanian Fashion Week

Alan Avenelv pour Distelle Paris

J'aime beaucoup la mode d'Europe de l'Est. Demna ou Gosha Gvasalia sont des créateurs que j'apprécie énormément. Je travaille déjà avec des marques géorgiennes et une ukrainienne. Elles ont un délire que je trouve plus créatif que les griffes françaises.

Le style parisien est plus classique. Chanel, Dior, etc., c’est droit, bien ajusté alors qu’ici, il y a beaucoup de formes oversized.

Constantine, coup de cœur Distelle Paris Credits: Romanian Fashion Week

Selon moi, la marque Constantine, pour son côté sombre, se distinguait des autres. Son univers s’apparente à du punk revisité, un style un peu gothique alternatif avec des pièces très dark, des ceintures ou des piercings.

Constantine, coup de cœur Distelle Paris Credits: Romanian Fashion Week

Song Pham pour 10 Lines consulting

En mars 2025, je me suis rendue à la FW de Bucarest qui est plus internationale. La Romanian Fashion Week a une autre vibe. Ici, c’est vraiment la Roumanie.

À ce compte, j'ai aimé le show d’Axente : le choix de la musique, des œillets, fleurs très présentes en Roumanie, le rouge, les imprimés floraux, sont assurément ce que l’on imagine du pays. Les matières, notamment la maille, avaient l’air sourcé localement.

Axente, coup de cœur 10 Lines consulting Credits: Romanian Fashion Week

J’ai également apprécié l'allure et la dégaine de la collection de Loana Ciolacu. Le côté un peu déconstruit, mais portable correspond à ce que je recherche.

En tant qu'acheteur, on finit par développer un double regard. D’un côté, on apprécie l’esthétique en se disant : « c’est stylé, ça a du caractère ». Mais la réalité du business nous rattrape : on veut acheter quelque chose que les gens auront envie de porter. Un vêtement doit avant tout sublimer le corps.

Loana Ciolacu, coup de cœur 10 Lines consulting Credits: Romanian Fashion Week

En voyage ou à Paris, mon métier consiste à trouver des marques qui correspondent aux marchés de mes clients, basés à l'étranger. Là, le problème, c'est que j'ai juste vu les shows. Je ne suis pas allée en showroom, je n'ai pas parlé avec les créateurs, je n’ai pas touché les matières, je ne connais pas les prix. Il faudrait que je reçoive les lookbooks et les linesheets pour être en mesure de mieux juger.

À noter qu’à l’issue de ce voyage, des créateurs roumains seront invités à exposer à Tranoï Tokyo puis Tranoï Paris.

Florence Julienne a voyagé en Roumanie, invitée par la Romanian Fashion Week.

En résumé
  • Six acheteurs parisiens ont été invités à la Romanian Fashion Week à Iasi pour découvrir la scène créative roumaine.
  • Les acheteurs ont été impressionnés par la créativité, le savoir-faire et la production locale des marques roumaines, notamment les jeunes talents et les marques établies.
  • Plusieurs acheteurs ont identifié des marques et des designers spécifiques qui ont retenu leur attention, tels que Raluc, Irina Schrotter, Axente, Andrea Tincu, Lenca, Scapadona, Daniel Radu, Constantine et Loana Ciolacu.
Acheteur
Roumanie
Tranoi