Kering recompose sa gouvernance : Luca de Meo prend la direction générale
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Kering a officiellement annoncé un changement de cap dans sa gouvernance : Luca de Meo prendra les fonctions de directeur général du groupe à compter du 15 septembre 2025, sous réserve de l’approbation de l’Assemblée générale convoquée le 9 septembre. Cette décision marque une étape majeure dans l’évolution du groupe de luxe, alors que François-Henri Pinault, président-directeur général depuis 2005, choisit de dissocier ses fonctions, conservant la présidence du conseil d’administration.
Une nouvelle organisation
La nomination de Luca de Meo s’inscrit dans une volonté explicite de « renforcer le pilotage du Groupe dans cette nouvelle phase de son développement », selon un communiqué publié ce jour. Elle officialise une gouvernance désormais alignée sur les standards des grandes entreprises cotées, avec une séparation claire entre présidence et direction exécutive.
Ce tournant intervient à un moment-clé pour Kering. Après vingt années de croissance, d’internationalisation et de montée en gamme, le groupe se prépare à ouvrir un nouveau chapitre. « C’est en pleine confiance que je transmets la conduite de Kering et de nos équipes », déclare François-Henri Pinault, qui souligne « l’expérience internationale, le sens de la marque et le leadership » de Luca de Meo, rencontré dès 2023 dans le cadre d’une réflexion sur la gouvernance.
Un profil atypique, tourné vers la transformation
Fort d’une trentaine d’années dans l’industrie automobile, Luca de Meo a piloté des transformations d’envergure au sein de groupes comme Fiat, Volkswagen, Audi, Seat et plus récemment Renault, où il a orchestré une restructuration profonde et mené la création d’Ampere, entité stratégique dédiée aux véhicules électriques.
En faisant appel à un dirigeant issu d’un autre secteur, Kering parie sur une approche disruptive, misant sur la capacité de de Meo à insuffler une culture de performance, à piloter des organisations complexes et à intégrer rapidement les dynamiques du luxe. « J’aborde ce nouveau défi avec enthousiasme, curiosité et confiance », a déclaré le dirigeant, saluant « la puissance des marques et le savoir-faire des équipes ».
Un nouveau souffle attendu pour un portefeuille réajusté
Cette refonte de la gouvernance s’inscrit dans un contexte de réajustement stratégique. En 2024, le groupe a réalisé un chiffre d’affaires de 17,2 milliards d’euros, en recul notable par rapport à ses 20,3 milliards d’euros de 2022, selon les résultats publiés par Kering. Le ralentissement de Gucci, longtemps moteur de croissance, a pesé sur les comptes du groupe.
Face à cette dynamique, Kering a déjà engagé plusieurs actions structurantes : nomination de Sabato De Sarno à la direction artistique de Gucci, création d’une entité dédiée à la beauté (Kering Beauté) ou encore relance des marques comme Balenciaga et Bottega Veneta. L’arrivée de Luca de Meo apporte désormais un socle exécutif à cette stratégie de refondation.
Une gouvernance repensée pour affronter un luxe en pleine réorganisation
Tandis que le groupe affronte un marché du luxe en recomposition – entre consolidation des leaders historiques, montée en puissance des DNVB et fragmentation des attentes clients – Kering affine sa structure de pouvoir. En dissociant la direction exécutive de la présidence, le groupe mise sur un binôme complémentaire : François-Henri Pinault, gardien de la vision et de l’héritage, et Luca de Meo, profil industriel au service de l’exécution et de la transformation.
Ce choix structurel ouvre une nouvelle phase pour le groupe. Gagner en réactivité, affûter ses arbitrages stratégiques et réengager la performance, dans un environnement qui exige autant de constance que de ruptures maîtrisées.