Que devient Stella Cadente ? Rencontre avec la créatrice de mode résidente à Marrakech

Stella Cadente, particulièrement en vogue dans les années 90/2000, a choisi Marrakech pour développer une activité en lien avec l’artisanat local. Au rez-de-chaussée de son riad éponyme (Derb el Guerraba, Marrakech), elle continue d’exposer ses créations : objets de décoration, vêtements et accessoires de mode, dont le fameux boa en plumes, qui est un peu sa signature. Rencontre exclusive avec FashionUnited à l'occasion de l'évènement Audace Initiative, dont Stella Cadente est partenaire..

Pourquoi avoir quitté la France pour vous installer à l’étranger ?

Je suis partie de France il y a 10 ans, car je ne pouvais plus exercer mon métier comme avant, entourée d’artisans, dans mes ateliers à Paris et Épinay-sur-Seine. Les coûts et les contraintes étaient devenus trop lourds. J’ai toujours aimé créer un lien direct avec les ouvrières pour échanger sur les techniques. Tout cela est devenu impossible. Je suis d’abord partie à Casablanca.

Pourquoi avoir choisi le Maroc ?

C’est l’un des rares pays où l’artisanat reste vivant. J’y passais déjà mes vacances, j’aimais l’ambiance, l’organisation dans le chaos. C’était logique pour moi. On y avait aussi des clients dans l’hôtellerie, car j’avais commencé à dessiner des hôtels avec mon associé Florian Claudel. On avait déjà fait six ou sept projets.

Mais à Casablanca, il y a beaucoup d’usines, peu d’artisans. Après cinq ans, on a déménagé à Marrakech. Là, en trois mois, on a monté mille prototypes : bijoux, céramique, rideaux, coussins… Ce n’est pas très coûteux ici, contrairement à la France.

Comment en êtes-vous venue à l’hôtellerie ?

Une femme nous a proposé un projet d’hôtel. On a dit oui tout de suite. À l’époque, on avait juste fait des maisons pour des copines. On a lancé Cadente Studio et aujourd’hui, on a conçu 54 hôtels, en France et ailleurs. Nous concevons tout : mobilier, textiles, décoration murale, vaisselle, uniformes, olfaction et même la collaboration avec les chefs. C’est une création à 360 degrés. J’aime l’idée de revenir dans un lieu que j’ai imaginé et de voir les gens y vivre, c’est magique. Bien plus pérenne que la mode.

Quid de la perte de savoir-faire en France ?

J’ai vu disparaître une quinzaine de métiers : soit les ateliers sont muséifiés, soit rachetés par les grandes maisons. C’est devenu inaccessible. Le Maroc a cette souplesse, cette ingéniosité. Si la France apporte les process et la rigueur, le Maroc offre la créativité. Les deux pays ont tout à gagner à collaborer.

Quid de l’écoresponsabilité ?

Les jeunes y sont sensibles, oui. Les anciens pensent surtout à survivre. Mais la jeunesse marocaine évolue vite. Casablanca, notamment, est en plein essor.