Accord UE–États-Unis : un deal qui stabilise le commerce transatlantique, malgré les divergences
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Malgré des tensions persistantes, l’accord-cadre signé en juillet 2025 entre l’Union européenne et les États-Unis marque un tournant dans la perception des entreprises américaines installées en Europe. Selon la dernière enquête de l’American Chamber of Commerce to the European Union (AmCham EU), publiée fin septembre, le sentiment de défiance s’est nettement atténué depuis le début de l’année.
Un pessimisme en recul, une stabilité retrouvée
En janvier 2025, près de 89 % des entreprises interrogées anticipaient une dégradation des relations commerciales transatlantiques. Huit mois plus tard, cette proportion est tombée à 46 %. Dans le même temps, la part des entreprises qui misent sur une stabilisation a bondi de 9 % à 33 %, et l’optimisme — quasi inexistant au début de l’année (2 %) — atteint désormais 21 %.
Pour AmCham EU, ce basculement s’explique directement par le Framework Agreement de juillet, dit « accord de Turnberry », qui a permis d’éviter une nouvelle escalade tarifaire et réglementaire. « Les entreprises considèrent que cet accord a prévenu des dommages sans précédent pour le commerce et l’investissement transatlantiques », résume Malte Lohan, directeur général d’AmCham EU.
Des inquiétudes toujours vives côté régulation
Ce regain de confiance ne gomme pas toutes les préoccupations. 56 % des répondants estiment que les politiques européennes pèseront négativement sur leurs activités dans les prochaines années (contre 52 % en janvier). Côté américain, la proportion reste plus élevée encore : 60 % des entreprises jugent que la politique économique des États-Unis aura un impact défavorable sur leurs opérations en Europe, même si ce chiffre recule par rapport aux 67 % relevés en janvier.
Les sujets de friction sont connus : Règlement sur la déforestation importée (EUDR), mécanisme d’ajustement carbone aux frontières (CBAM) ou encore directive sur le devoir de vigilance (CSDDD). Autant de normes qui, bien qu’inscrites dans la transition durable, accroissent la complexité réglementaire pour les filiales européennes de groupes américains.
Les priorités des entreprises : tarifs, barrières non tarifaires et coopération
Interrogées sur les priorités pour la mise en œuvre de l’accord, les entreprises mettent en avant trois attentes clés :
- Des réductions tarifaires rapides : la moitié des répondants citent cet objectif comme prioritaire.
- La levée des barrières non tarifaires, notamment liées aux réglementations environnementales et de durabilité.
- Un renforcement de la coopération réglementaire et de la reconnaissance mutuelle, afin de limiter les doublons et alléger les charges administratives.
Une fenêtre d’opportunité pour les décideurs
Pour les dirigeants de PME et d’ETI exportatrices, notamment dans le textile et la mode — secteurs fortement exposés aux normes environnementales européennes —, l’accord UE–US ouvre une période de stabilité relative. Elle doit être mise à profit pour sécuriser les chaînes d’approvisionnement, anticiper les exigences réglementaires et consolider les plans d’investissement.
« Ce moment plus apaisé ne doit pas être gaspillé », avertit Malte Lohan. « Les décideurs européens et américains doivent verrouiller cette prévisibilité, pour permettre aux entreprises de planifier et d’investir avec confiance. »