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Diaa Elyaacoubi (Monnier Paris) : « Avec GaiaSuite, nous simplifions la technologie back-office »

By Florence Julienne

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Retail|Interview
Diaa Elyaacoubi Credits: Monnier Paris

Entrepreneuse dans la fashion tech, Diaa Elyaacoubi a racheté Monnier Paris, site e-commerce d'accessoires de luxe, avec pour objectif de développer et d'offrir aux acteurs du luxe, via son spin-off (filiale) GaiaSuite, une solution logicielle pour optimiser et piloter leur distribution digitale omnicanale.

Racontez-nous vos débuts en tant qu’ingénieure informatique à l’aube d’Internet

Diaa Elyaacoubi : J’ai commencé ma carrière en tant qu’ingénieure dans les années 2000, en plein essor d’Internet et des télécommunications et en particulier au moment de leur déréglementation par l’Union européenne. Des opérateurs comme SFR, Bouygues Telecom ont émergé, puis une myriade de nouveaux.

Employée chez Cegetel, j’ai conçu, au sein d’une équipe, les réseaux, les offres, les grilles tarifaires, les business models pour le grand public et le btob. C’était extraordinaire de pouvoir participer au premier Internet gratuit. Nous savions que tout ce que nous avions connu jusqu’à présent allait être bouleversé. Un champ des possibles s’ouvrait.

Comment êtes-vous passée de la tech au monde du luxe ?

Que ce soit dans la tech ou dans n’importe quelle autre industrie, force est de constater que les géants ne sont pas français. Nous avons le génie, le savoir-faire, mais il manque l’ambition et le courage politique. En matière de tech et de leadership, j’ai toujours été fascinée par l’Asie et notamment la Chine. Pour mieux comprendre, j’ai effectué, pendant huit ans, des allers-retours là-bas. C’est à ce moment-là que je me suis passionnée pour l'e-commerce et en particulier par leur approche du « customer journey » (parcours client), tant pour le digital que pour le commerce physique.

J’y ai découvert une approche extrêmement innovante avec des possibilités inédites : Le live shopping, la création de communautés pour partager ses achats, le social selling, etc. Tout est pensé pour faciliter le fonctionnement et l’innovation des plateformes.

Aux États-Unis, des acteurs comme Meta ou Amazon ont su concevoir et construire des plateformes carrefour capables d’atteindre un maximum de personnes, puis de transformer l’audience en transaction.

Alors qu’en France, avant la crise Covid, moins de 10 % des ventes françaises se faisaient online. Et ce, vingt ans après l’arrivée d’Internet. C’est une observation basique pour pointer que le digital n’était pas au cœur de la stratégie des marques.

Néanmoins, si nous ne sommes pas le pays le plus innovant dans l'e-commerce, nous pouvons au moins nous targuer d’être le berceau du luxe. Or, cette industrie, enviée et respectée, continue d’accuser du retard dans sa distribution internationale.

Mon premier constat, avant d’investir dans Monnier Paris, fut donc que le luxe – comme le lifestyle et la mode – est un secteur mal équipé d’un point de vue technologique, alors qu’il représente une puissance et un écosystème extraordinaires. Ce secteur est fragmenté entre des grands groupes, qui absorbent l’innovation, mais n’en sont pas promoteurs, et des acteurs de taille moyenne, trop conservateurs.

Mon deuxième constat est que la France ne possède pas une plateforme e-commerce digne de ce nom alors que les Anglais avaient Farfetch (aujourd’hui détenue par le sud-coréen Coupang, ndlr), Matchesfashion (Frasers Group), Net à Porter (Yoox Net-a-porter Group, détenu par Richemont, qui sera acquis My Theresa début 2025, NDLR), les Allemands Mytheresa, les Italiens Louisa via Roma. En France, nous avons 24S (LVMH), les Galeries Lafayette et le Printemps.

Forte du retard technologique des plateformes de vente françaises, vous avez racheté Monnier Paris ?

Racheter Monnier Paris en 2020 m’a permis de gagner du temps. Aujourd'hui, créer une plateforme avec 180 marques haut de gamme est devenu un projet extrêmement compliqué. Or Monnier avait déjà de très nombreuses marques et plus important encore, plus des deux tiers de son chiffre d’affaires à l’international.

Dès mon arrivée, j’ai refondu et décomplexifié toute la plateforme technologique. En somme, j’ai utilisé Monnier comme un véritable laboratoire pour mieux comprendre les enjeux de e-distribution et de social selling (live shopping, metaverse, cryptos, etc.).

Aujourd’hui, les réseaux sociaux sont des outils d’audience, mais, demain, ils seront transactionnels. Face à cette richesse de points de contact, qui va aller en augmentant, nous entrons dans une nouvelle ère de plateformes. Et pour ce faire, les marques doivent s’équiper d’outils agiles capables d’automatiser les tâches pour être dans une stratégie d’omnicanalité pure (boutique physique, site internet, market place).

Au-delà de vendre des accessoires de mode, quel est votre business plan ?

Monnier Paris a donc été notre laboratoire tout en veillant à garder son leadership en matière de plateformes de luxe en France. Mais il nous a surtout permis de mettre le doigt sur un retard abyssal que portent les marques de luxe et lifestyle dans leur e-distribution et en particulier pour l’international.

En parallèle de Monnier nous avons donc développé GaiaSuite, une solution logicielle permettant aux marques d’être plus efficaces et performantes pour aller chercher de la croissance et de la rentabilité.

En quoi la spin-off GaiaSuite répond-il à la demande d’un marché retail omnicanal ?

Nous voulons être le partenaire technologique des marques pour l’industrie du luxe et les aider à gagner en agilité. Notre ambition est de simplifier la technologie back-office et les migrations, en proposant des solutions prêtes à l'emploi qui placent les objectifs business au cœur des processus back-office.

GaiaSuite est conçu avec des interfaces simples qui permettent d’avoir une vue unifiée et en temps réel des ventes tout en conservant le contrôle sur les prix, le marketing et la présentation des produits. En somme, nous proposons aux marques, distributeurs, marketplaces ou agences marketing de passer d’une stratégie whosale à l’e-concession (modèle de vente au détail permettant aux marques de vendre via la plateforme d’un, NDLR).

En résumé
  • Diaa Elyaacoubi, entrepreneure en fashion tech, a racheté Monnier Paris pour développer GaiaSuite, une solution logicielle optimisant la distribution digitale omnicanale des acteurs du luxe.
  • Son expérience en ingénierie informatique et ses observations sur le retard technologique du secteur du luxe l'ont conduite à créer cette solution, répondant au besoin d'agilité et d'efficacité dans un marché omnicanal.
  • GaiaSuite offre aux marques une plateforme unifiée et des outils simplifiés pour gérer leurs ventes, leur marketing et la présentation de leurs produits, facilitant la transition vers un modèle e-concession.
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