Eco-score textile : ce qu’il faut savoir dès ce 1er octobre
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À l’automne 2025, l’industrie textile française franchira un cap majeur avec le déploiement de l’Eco-score sur les vêtements. Inspiré du Nutri-score alimentaire, cet indicateur vise à rendre visible l’empreinte environnementale d’un produit, de la fibre à la fin de vie. Plus qu’une simple mesure réglementaire, il constitue un test de transparence, il constitue un test de transparence grandeur nature pour les marques et un levier potentiel de différenciation.
Un calendrier à respecter de près
Dès le 1er octobre 2025, les marques qui communiquent déjà un indicateur environnemental, par exemple l’empreinte carbone d’un produit, pourront volontairement afficher l’Eco-score officiel, calculé selon la méthodologie Ecobalyse.
Un an plus tard, en octobre 2026, la dynamique s’élargira. Des tiers (ONG, associations, voire concurrents) pourront calculer et publier les scores des marques qui ne l’ont pas fait, sur la base d’hypothèses par défaut souvent peu favorables.
« C’est une arme à double tranchant », prévient Laurent Vandepaer, Head of Science chez Carbonfact. « Si une marque n’a pas publié ses scores, elle risque de voir apparaître des résultats dégradés, construits sur des hypothèses de transport aérien ou de matières premières importées de loin. Le risque réputationnel est considérable. »
Que prend en compte l’Eco-score ?
- L’indicateur couvre l’ensemble du cycle de vie d’un produit textile, en intégrant :
- les matières premières (coton bio, polyester recyclé, laine locale, etc.),
- les étapes de production (filature, tissage, teinture, confection),
- la logistique (bateau, route ou avion),
- la durabilité et la réparabilité.
Certaines pondérations marquent une inflexion nette dans l’évaluation : le transport aérien est fortement sanctionné, les fibres vierges synthétiques obtiennent un score défavorable, et même l’offre de réparation est intégrée dans le calcul.
« L’Eco-score ne se limite pas à la technique », souligne Vandepaer. « Il intègre aussi ce que l’on appelle la durabilité émotionnelle : multiplier les références ou rendre la réparation plus chère qu’un produit neuf a un impact négatif. L’objectif est d’encourager un design responsable dans toutes ses dimensions. »
Le rôle clé des données
Pour publier leurs scores, les marques devront fournir un socle d’informations déjà exigé par la loi AGEC : catégorie du produit, masse, composition, pays de tissage, ennoblissement et confection. Mais cela ne suffira pas.
« Se limiter au minimum légal peut être pénalisant », insiste Vandepaer. « Si vous n’indiquez pas le mode de transport, Ecobalyse considérera 100 % d’avion. Si vous ne documentez pas l’origine des matières, l’algorithme appliquera un scénario défavorable. Les données par défaut pèsent lourdement. »
Autrement dit, pour éviter une notation dégradée, les marques devront collecter des informations plus précises : provenance exacte des fibres, part de surface imprimée, accessoires, ou encore services de réparation proposés.
Élément encourageant : la méthodologie française s’aligne largement sur le standard européen PEFCR (Product Environmental Footprint Category Rules). Les données collectées serviront donc aussi à répondre à d’autres obligations, comme la CSRD, le passeport numérique des produits ou encore le reporting climat.
Qui est concerné par l'Eco-score textile ?
Les obligations d'étiquetage environnemental s'appliquent à tous les producteurs, importateurs et distributeurs qui mettent des produits textiles sur le marché français, quelle que soit leur origine. Cela signifie que les entreprises étrangères vendant en France sont également concernées. À ce jour, le décret ne prévoit aucune exemption explicite pour les petites marques de mode ou de seuil lié à la taille de l'entreprise.
Quels risques pour les retardataires ?
Deux types de risques se dessinent pour les marques qui tarderaient à se préparer. D’abord, un risque réputationnel. Un score médiocre calculé par défaut pourrait être publié sans qu’elles aient de recours immédiat. Ensuite, un risque commercial. A l’image du Nutri-score, les consommateurs pourraient privilégier les produits mieux notés et se détourner de ceux qui n’affichent aucune information.
« L’absence de score risque d’être perçue encore plus négativement qu’une mauvaise note », avertit Vandepaer. « Les marques n’auront pas d’autre choix que de jouer le jeu. »
Un compte à rebours déjà enclenché
À un an de l’échéance, les marques doivent d’ores et déjà s’organiser :
- auditer les données disponibles,
- combler les manques (origine des matières, transport, réparabilité),
- centraliser l’information via leurs outils (ERP, PLM, plateformes externes), tester l’Eco-score sur un échantillon de produits.
« Ce n’est pas insurmontable », rassure Vandepaer. « Mais un an, c’est très court. Les entreprises qui se préparent dès maintenant auront un vrai avantage et pourront transformer cette contrainte en levier stratégique. »
À retenir
- Octobre 2025 : lancement volontaire de l’affichage de l’Eco-score. Les données par défaut peuvent fortement dégrader la note.
- Octobre 2026: extension indirecte de l’obligation
Pour mieux comprendre votre impact, testez votre Eco-Score textile et comparez vos produits aux benchmarks du marché : Benchmark your Textile Eco-Score.
C’est une première étape concrète pour anticiper la réglementation et orienter vos décisions stratégiques.