Étude KPMG & UIT : le produit importé coûte 1,8 fois plus cher à la France que son prix affiché
loading...
Dans un contexte de forte pression concurrentielle, le secteur textile français est trop souvent réduit à un seul critère : le coût d’achat. L’argument « acheter français coûte trop cher » occulte pourtant l’essentiel : l’impact économique, fiscal et social d’un produit fabriqué sur notre territoire. L'Union des Industries Textiles a confié à KPMG une étude inédite dont les conclusions sont sans équivoque.
Le postulat de départ est audacieux : la production française est un investissement rentable et structurant, créateur de valeur et de dynamisme territorial. Pour objectiver cet impact, l’étude s’est appuyée sur des données comptables réelles et un échantillon représentatif de 66 entreprises, analysant trois modèles de production : le modèle importateur, le modèle mixte, et le modèle de production ancrée et intégrée sur le territoire.
Le coût caché de l'importation
Les résultats de l'étude sont sans appel et mettent en évidence le coût caché d'une délocalisation. Une entreprise textile française dont la production est localisée génère en moyenne :
- 62 % de retombées économiques directes (salaires, sous-traitance, achats locaux) ;
- 15 % de retombées fiscales et sociales (impôts, cotisations) ;
- 7 % de consommation indirecte soumise à la TVA.
Soit, un total de 84 % de son chiffre d’affaires réinjecté dans l’économie nationale sous forme de retombées économiques et fiscales. À l’inverse, un profil importateur ne génère que 35 % de retombées locales… et un fournisseur totalement étranger, aucune.
Ce mécanisme prouve que l'achat français est un investissement qui soutient l’emploi et l'activité locale, tout en consolidant le modèle social.
Un nouvel indicateur pour rééquilibrer les marchés publics
La conclusion la plus stratégique de l'étude vise directement les pouvoirs publics et les acheteurs. Un produit importé peut paraître moins cher, mais il est en réalité jusqu’à 1,8 fois plus coûteux pour la puissance publique. Pour corriger cette asymétrie, l’étude propose l’intégration d’un indicateur inédit : le coefficient d’avantage économique réel, destiné à être intégré dans les appels d’offres publics. Cet outil mesure et valorise les retombées territoriales des offres françaises, bien au-delà du seul prix affiché. L’objectif est alors d’intégrer systématiquement la création de richesse locale dans les critères d’attribution de la commande publique, afin d’apprécier la valeur réelle d’un produit.
L'appel à un soutien structurant
L’Union des Industries Textiles (UIT) utilise cette étude pour renforcer son plaidoyer auprès des autorités. L’UIT représente 2 400 entreprises en France (filature, tricotage, tissage, ennoblissement) qui emploient 58 550 salariés et ont réalisé en 2023 un chiffre d'affaires de 16,3 milliards d'euros. Le secteur est stratégique, opérant dans des domaines pointus tels que la mode et le luxe, l'équipement de la maison et les textiles techniques (aéronautique, automobile, santé, construction).
Les conclusions de l'étude appellent à plusieurs actions prioritaires :
- Mieux valoriser le retour sur investissement territorial assuré par les entreprises françaises, qui soutiennent l’emploi et l’activité locale et le modèle social.
- Renforcer le soutien aux filières industrielles nationales, soumises à une concurrence internationale souvent déloyale, pour préserver leur rôle structurant dans les territoires.
- Intégrer les retombées économiques dans les critères d’attribution de la commande publique.
En somme, l’UIT démontre que l'investissement dans la production textile locale est un choix de long terme qui garantit la résilience économique et la souveraineté industrielle de la France. Le combat contre l'argument du prix s'arme désormais d'un calcul implacable : l'achat français n'est pas une dépense, mais un réinvestissement dans l'économie nationale.