• Home
  • Actualite
  • Retail
  • Seconde main : Le modèle du dépôt-vente est-il vraiment viable ?

Seconde main : Le modèle du dépôt-vente est-il vraiment viable ?

Retail
Seconde main. Credits: Unsplash
By FashionUnited

loading...

Scroll down to read more

Dans les Deux-Sèvre, Maude Baudrand, fondatrice et gérante de la boutique Pyloops, spécialisée dans la vente d’articles de seconde main pour enfants, a annoncé la fermeture de son magasin à Parthenay. Cette décision intervient malgré une activité notable, soulignant les défis économiques auxquels sont confrontées les petites structures du marché de l’occasion.

Une bonne activité qui ne garantit pas la pérennité

Ouverte le 1er décembre 2021, la boutique a enregistré un succès d’estime indéniable, comme en témoignent les chiffres avancés par sa fondatrice sur le compte Instagram de l’entreprise. En quatre ans, Pyloops a vendu plus de 35 000 articles, attiré plus de 2 000 clients et travaillé avec plus de 500 déposants, générant 80 000 euros de dépôts en avoir ou en virement.

Maude Baudrand estime que le modèle n'est pas viable économiquement. « Malgré tout ça, cette activité ne me permet pas d'en vivre, en tout cas sur les bases du modèle que j'ai choisi », explique la fondatrice, reconnaissant la difficulté de faire perdurer des modèles économiques, même vertueux, sans un accompagnement structurel suffisant.

Le dépôt-vente : un modèle qui challenge

Dans un contexte où les consommateurs sont de plus en plus attentifs à la durabilité et aux modes de consommation alternatifs, la seconde main continue de gagner du terrain. Cependant, l’exemple de Pyloops met en lumière le paradoxe entre l’engouement des consommateurs et la précarité du modèle économique pour les entrepreneurs.

Le modèle du dépôt-vente, bien que perçu comme un marché à faible barrière à l'entrée, présente des défis importants qui peuvent le rendre difficilement viable pour les structures indépendantes. Ces difficultés proviennent principalement d’une gestion complexe, de marges limitées et de la volatilité de l'inventaire.

L'un des principaux obstacles pour les petites structures de dépôt-vente est la dépendance à un approvisionnement en articles qui est à la fois volatile et imprévisible. Contrairement aux détaillants qui peuvent planifier leurs commandes et garantir un stock cohérent, les dépôts-vente de mode dépendent de ce que les particuliers décident de déposer ce qui peut entraîner des défis majeurs en matière de gestion de l'inventaire

Dans une interview accordée à FashionUnited, Regina Daghman, fondatrice du dépôt-vente de mode parisien Yallä Store expliquait faire du réassort tous les jours et suivre un système bien rodé : « [Nous] avons un système de calendrier en ligne que les gens peuvent utiliser à leur guise et qui permet d'avoir un rendez-vous directement dans la boutique choisie. Nous nous laissons toujours une marge pour ajouter des rendez-vous quand on a besoin de stock supplémentaire. On a donc chaque jour des nouveautés et toujours un peu de stock d'avance. Si quelqu’un arrive avec 30 pièces incroyables, nous allons un peu temporiser sur les dépôts suivants puisqu'on a beaucoup de stock. »

Par ailleurs, et comme toute activité de commerce physique, le loyer est une charge fixe importante. Selon l'Insee, au deuxième trimestre 2025, l’indice des loyers commerciaux s’établit à 136,81 (son augmentation est restée faible avec + 0,07 % sur un an). Mais contrairement à l’immobilier classique, les loyers des commerces ne sont pas encadrés par la loi. Le coût du loyer commercial en France est donc très disparate.

Des marges limitées

Autre élément crucial : les marges limitées du modèle du dépôt-vente. Le gérant d'une boutique de dépôt-vente ne peut pas fixer les prix de manière arbitraire. Il doit prendre en compte les attentes des déposants qui souhaitent tirer un revenu de leurs articles. Si le gérant fixe un prix trop bas, le déposant sera insatisfait et choisira peut-être de revendre son article sur une plateforme en ligne comme Vinted. De même, le gérant doit tenir compte de la valeur du marché : s'il fixe un prix trop élevé, l'article ne se vendra pas et finira par être rendu au déposant.

Alors que pour un commerce classique, le gérant est propriétaire de son stock et peut ajuster sa stratégie de prix et de volume, cela n'est pas le cas pour un dépôt-vente où la marge du gérant dépend de la commission sur le prix de vente fixé d'un commun accord avec le déposant.

Les points forts du modèle

Plutôt que de chercher à gérer un volume important d'articles de faible valeur, un dépôt-vente peut prospérer en se spécialisant dans un marché de niche. En se concentrant sur les articles de luxe, de collection, ou de grandes marques, le gérant peut obtenir des marges plus élevées. Par exemple, la vente d'un sac de créateur à 1 500 euros, même avec une commission de 30 %, rapporte une marge brute de 450 euros. Ce seul article peut générer plus de revenus que des dizaines d'articles de faible valeur.

La viabilité d'un dépôt-vente repose aussi sur la qualité de son service. Le gérant peut se positionner comme un expert en évaluation d'articles, en garantissant l'authenticité et la qualité des produits. Ce service rassure les clients et les déposants, ce qui renforce la confiance. Un bon service client, une présentation soignée des articles et une communication transparente peuvent créer une clientèle fidèle et un réseau de déposants solide.

Enfin, le gérant d'un dépôt-vente n'a pas à immobiliser de capital dans le stock et cela représente un avantage. Cette approche permet de réduire considérablement les besoins en fonds de roulement et les risques financiers liés aux invendus, par rapport à un commerce classique.

Commerce
Seconde main