Première Vision Paris annonce s’ouvrir au secteur de la beauté en septembre 2025

Lors du salon Première Vision Paris qui s’est terminé jeudi 13 février 2025, Florence Rousson, directrice générale de la division mode du groupe GL events, a dévoilé le nom de la nouvelle entité qui rassemble désormais les salons de mode de GL events : The Creative Pole. Dans cet article, elle explique à FashionUnited le concept.

L’arrivée de Florence Rousson, au poste de présidente du directoire Première Vision, annonçait des changements dans la gestion des évènements gérés par GL events (Première Vision, Tranoï, Fashion Source). Après l’arrêt de certains partenariats, la réorganisation des RP avec le choix d’Olivier Bourgis (The Lede Company), voici venu le temps de révéler de nouveaux axes stratégiques.

The Creative Pole traduit la volonté de s’ouvrir à la beauté (nouveau domaine d’investigation prospective) et d’inaugurer un Observatoire International de la Création

L’édition Première Vision de février 2025, dédiée aux collections printemps-été 2026, met en avant les savoir-faire avec, pour cette première fois, le parti pris de mettre l’artisanat à l’honneur. Ainsi, le Forum Inspirations, dédié aux collections printemps-été 2026, met-il en vis-à-vis le travail manuel de certains artisans, exposants (ou non) de l’espace « Matières d’Exception », et l’exposition des tissus tendances de la saison.

Soy Como Soy, atelier basé en Allemagne (comme son nom ne le laisse pas supposer) invite à (re)découvrir l'art suisse du tissage de la paille. Le Freiamt, une région du canton d'Argovie, produisait un travail unique que Christiane Englsberger, en tant que modiste, revisite en y ajoutant de nouvelles techniques. Ses œuvres entrent en résonance avec les tissus disposés dans le Forum d’Inspiration.

Cap sur les savoir-faire, sujet central de Première Vision février 2025 et des éditions de février à venir

Autre exemple : Mathilde Héron. Finaliste du Festival de Hyères en 2023, cette jeune française revisite les techniques traditionnelles du tissage en y intégrant une approche écoresponsable avec l’utilisation de matières dormantes, convaincue que « l'éthique dans le choix des matériaux peut rimer avec prestige et luxe ».

Pour l’édition février 2025, Première Vision a demandé à cette jeune artiste de réaliser une installation pour illustrer la tendance Re-fresh de la saison printemps-été 2026. « Re-fresh signe le désir de rafraîchir l’esprit, de la même manière que l’on refresh une page sur internet, explique Lucie Jeannot, chef de projet mode (PV) à FashionUnited. Mais c’est aussi le besoin de fraîcheur qui s’impose avec le réchauffement climatique. De fait, l’imaginaire de la saison est beaucoup plus glacé et moins insouciant. Il tend vers des paysages plus bleus que la thématique "plage et tropiques" ».

Illustrant cette volonté de rafraîchir ce qui a été, Mathilde Héron valorise l'héritage textile, autrement dit les composants issus de précédents forums de Première Vision et les archives de rubans, mises à disposition par la Société Choletaise de Fabrication, à travers des œuvres exclusives, et pour certaines monumentales.

En marge, plusieurs conférences viennent enfoncer le clou du parti pris éditorial pris par PV. « Il y a quelques années, on ne parlait pas de savoir-faire, indique Jean-Pierre Blanc, fondateur du Festival de Hyères, à l’occasion du Talk « Les nouveaux registres créatifs des savoir-faire ». Mais l’écoresponsabilité les a mis en lumière et a donné envie à des créateurs de s’en rapprocher ». Et de citer ses partenaires, la Maison Chanel et le 19M, propriétaires d’ateliers de confection renommés (Goossens, Lesage, Lemarié, etc.), garants de la transmission des métiers d’art.

« On parle souvent de nos produits, peu de notre histoire », ajoute Adeline Sapin, directrice créative des broderies Solstis. Néanmoins, elle reconnaît que ces savoir-faire tiennent en grande partie grâce aux « grandes maisons » qui ont, pour certaines, construit leur narratif sur le savoir-faire artisanal, alors qu’il est de notoriété que leur réalité économique repose sur d’autres secteurs d’activité, tels que les parfums et la maroquinerie.

Le nouveau Creative Pole souhaite répondre aux besoins des marques globales

C’est précisément sur cette réalité économique et les besoins qui en découlent que repose la nouvelle stratégie mise en place par GL events dans le cadre de son « Créative Pole ». « Derrière cette notion d’artisanat, il y a la volonté de montrer des métiers d’excellence qui portent nos industries créatives, mais il y a une logique à valoriser les expertises qui dépassent le travail de la main et à offrir des solutions pour les marques de mode qui cherchent de nouveaux leviers de croissance », explique Florence Rousson.

Première solution de business explorée : la beauté. « L’idée serait de travailler cette notion de beauté autour des forums inspirationnels, en s’appuyant sur le fait que notre métier, c’est la couleur. Or, dans la couleur, il y a la notion de pigment qui peut inspirer une ligne de rouges à lèvres ou de vernis à ongles ».

Est-ce à dire que le salon va s’ouvrir à d’autres filières que le textile ? « Non, s’en défend la dirigeante. Nous ne deviendrons pas le salon de la cosmétique, mais nous pourrions accueillir, à la marge, quelques entreprises en marques blanches. Il s’agit ici de remettre l’entreprise de mode au cœur de la réflexion pour repenser son sourcing et clarifier notre offre en termes de tissus, mais aussi de maroquinerie, de chaussure et de beauté. Nous souhaitons créer des zones de présentation et de partage pour rendre le salon plus vivant ».

L’autre axe de développement proposé par GL events est la valorisation d’une base de données de 440 000 noms. « Nous allons identifier des thématiques en partant des besoins des entreprises (quelles données leur manquent ? de quoi ont-elles besoin ?) et travailler avec des partenaires pour orchestrer des enquêtes et produire des rapports annuels. »

Smart Créations, le secteur qui monte, qui monte, qui monte

Si le parti pris de mettre en avant l’artisanat a du sens, il ne faudrait pas réduire Première Vision à ce marché qui reste de niche. Preuve en est avec les start-up qui fleurissent dans la zone « Smart Créations ». Ici, l’offre porte sur les dead stocks (un secteur d’activité qui fait désormais partie intégrante du salon) et les néomatières.

Parmi celles-ci, citons Pelinova, développée par la société Recyc Leather, qui combine des chutes de cuir recyclé avec les fibres Tencel du géant autrichien Lenzing, le tout recouvert d’une fine couche (10 %) de polyuréthane. Ce matériau nouvelle génération a le double avantage d’être écologiquement responsable et plus respectueux du bien-être animal (puisqu’aucune nouvelle bête n’est utilisée).

Sujet d’actualité par excellence, PV met à l’honneur des start-up qui développent des solutions d’Intelligence Artificielle. Des assistants pour créer des collections (refabric) aux nouveaux tendanceurs qui se basent sur les datas obtenues à partir des réseaux sociaux (Heuritech) en passant par ceux qui aident les marques à calculer leur bilan carbone (Greenly), il y a fort à parier que ces start-up vont créer l’engouement auprès de la nouvelle génération de créateurs de mode.

Ceux qui n’ont pas peur de l’IA puisque, de toute façon, « c’est l’avenir » (verbatim entendu tant de fois que l’on ne saurait citer une seule personne). Gageons que le savoir-faire de ces ingénieurs 3.0 pourrait faire l’objet d’un focus sur une prochaine édition de PV. Mais ceci est déjà une autre histoire.