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Printemps-été 2026 : best-sellers mode et talents à suivre, selon trois showrooms parisiens

By Florence Julienne

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Salons
Showroom Break. Fast Credits: Break.Fast

Break.Fast, Likewise et Run, FashionUnited est allé à la rencontre de trois agents commerciaux opérant dans des showrooms. Un spectre évidemment non exhaustif mais qui donne une idée de ce qui se vend lors de la semaine dite « des créateurs » de la fashion week parisienne Hommes juin 2025 et de ce qui sera tendance au printemps-été 2026.

Break.Fast, des pieces confortables et stylées

Entretien avec Alina Zaporozcenko, fondatrice de la société Break.Fast, fondée en 2019, immatriculée en France, domiciliée aux États-Unis, à l’intersection de la représentation de marques, de la curation de showrooms et du conseil créatif. Elle avait choisi le Consulat (avenue Parmentier, Paris 11ᵉ) pour installer les marques : Carnet Archive, Fuguihua, Jordanluca, Lueder, Lisa Keane, Masha Popova, SRVC, Ruibuilt, Marrknull et, comme invités cette saison, Hamcus et Aesynctx.

Quels marchés visez-vous à travers la sélection Break.Fast ?

Mon objectif est de connecter les jeunes marques avec des boutiques clés dans le monde. Pas forcément les plus grosses, mais celles qui ont une identité. Je travaille avec des enseignes comme H. Lorenzo (Los Angeles), GR8 (Tokyo) ou Machine-A (Soho, Londres). Je valorise une sélection pointue, qui attire le regard immédiatement. Un acheteur a parfois à peine cinq secondes pour décider si une pièce vaut le coup d’œil ou pas.

En ce moment, je vends beaucoup en Corée, aux États-Unis et au Japon. L’Europe est plus difficile, notamment à cause de l’inflation et d’un retour vers des styles plus classiques. Mais je reste confiante : il y aura toujours de la place pour la créativité, tant qu’elle est sincère et bien présentée.

Quelles tendances et pièces phares émergent pour la saison printemps-été 2026 ?

Je n’aime pas trop le mot « tendance ». Je pense qu’il faut porter ce qui nous fait plaisir, ce qui nous va bien. Mais si je devais nommer une direction actuelle, je dirais que les gens cherchent des vêtements confortables, faciles à porter tous les jours, sans sacrifier le style. Donc, on voit pas mal de joggers (type de pantalon à mi-chemin entre le jogging classique et le pantalon de ville, ndlr) ou de hoodies bien coupés, avec des imprimés originaux.

Quel est le positionnement prix des best sellers ?

Aujourd’hui, les acheteurs veulent des produits qui se vendent, donc accessibles. Un tee-shirt à cent ou 120 euros prix publics, un pantalon à 300 euros. C’est plus réaliste que des pièces à 3 000 euros, sauf si ce sont des pièces d’image ou portées par des célébrités.

Avez-vous un talent prometteur ?

En particulier, il y a Lisa Keane, une jeune créatrice, mi-afghane mi-anglaise, qui a terminé son master à Central Saint Martins. Je l’ai introduite dans le showroom l’année dernière et en une saison, elle a été référencée dans six boutiques. Son univers a tout de suite accroché : des pièces fortes, reconnaissables, bien coupées.

Alina Zaporozcenko habillée en Liza Keen Credits: F. Julienne

J’encourage mes clients à sortir des sentiers battus, à ne pas seulement penser au produit mais à la manière de le présenter. Par exemple, certains créateurs ont demandé à leurs amis de se prendre en photo avec les vêtements de la collection. Ce genre de contenu spontané a beaucoup plu aux acheteurs, ça les touche plus qu’un lookbook trop lisse.

Likewise, des vêtements créateurs émergents, casual, street et active wear

Entretien avec Cindy Gout, co-dirigeante avec Imad Fradj, du showroom multi-marques b2b Likewise situé dans l’école Duperré (11 rue Dupetit-Thouars, Paris 3e). Pour la saison printemps-été 2026, elle a représenté les marques : EgonLab, Gal Nell Dahan, A. A. Spectrum, Nullus, Nehera, Punishment.

Quels marchés visez-vous à travers la sélection Likewise ?

Pour la FW Hommes juin 2025, les clients asiatiques – Corée, Japon, Chine – ont été présents. Les Européens et les Américains un peu moins, mais les rendez-vous ont été globalement respectés. Ce qui change, c’est le rythme : les acheteurs passent plus vite, ils ont moins de temps, notamment à cause des prix des hôtels et du nombre de showrooms qui ont quitté Milan pour revenir à Paris. Résultat : tout va plus vite.

Nous représentons des marques chinoises, comme Spectrum ou Nullus, mais on sent une réticence de la part des acheteurs américains vis-à-vis des marques chinoises, surtout avec les tensions actuelles et les taxes.

Quelles tendances et pièces phares émergent pour la saison printemps-été 2026 ?

Nous essayons d’équilibrer les pièces tailoring, l’activewear et le streetwear, mais, en toute honnêteté, ce qui se vend le plus aujourd’hui, ce sont clairement les pièces plus casual, comme les sweats, les jeans ou les tee-shirts. C’est ce que les clients recherchent en priorité, probablement parce que ce sont les produits les plus abordables et les plus faciles à porter au quotidien.

Portant EgonLab chez Likewise Credits: F. Julienne

L’activewear correspond à des pantalons en coton, type chinos (à mi-chemin entre le jean et le pantalon habillé, ndlr) ou en canvas (toile de coton ou coton mélangé tissée de façon très serrée, appréciée pour sa robustesse, ndlr).

Ce sont des vêtements qu’on peut porter toute la journée, sans contrainte. Le streetwear, lui, regroupe davantage les jeans, les vestes en jean, les hoodies, les tee-shirts... Ces basiques fonctionnent toujours, saison après saison.

Spectrum chez Likewise Credits: F. Julienne

Quel est le positionnement prix des best sellers ?

En termes de prix publics, les tee-shirts vont de 110 à 300 euros. Pour les pantalons, on peut aller de 300 jusqu'à 700 euros selon les détails - zips, poches, finitions. Le positionnement prix dépend aussi de l'origine des produits. Par exemple, le prêt-à-porter de Pupistent est fabriqué à Paris. Cela joue sur les prix, mais aussi sur la qualité. D'autre part, les matières naturelles sont toujours beaucoup plus chères que les synthétiques.

Run, New Tailoring et vêtements seconde peau

Entretien avec Geoffroy Lauzet, creative director de Run, format hybride entre showroom et salon promu par WSN (les responsables contactent des acheteurs, mais ce sont les marques qui gèrent la prise et le suivi des commandes). Les griffes ont déjà fait l’objet d’un article sur FashionUnited.

Quels marchés visez-vous à travers la sélection Run ?

Le marché cible est résolument celui des concept stores de niche, des acteurs clés et influents de la mode à l’échelle mondiale. On parle ici de boutiques pointues comme Maxfield ou H. Lorenzo (Los Angeles) ou Great (Tokyo), en passant par des enseignes emblématiques telles que Corso Como (Milan), Spaces Mu (Séoul) et les department stores Isetan (Tokyo, Le Printemps et La Samaritaine (Paris).

Ce sont des points de vente exigeants, fidèles à leur ligne éditoriale, qui misent sur la cohérence et l'originalité de leur sélection. Des magasins qui comptent, résistent au temps en conservant leur statut de référence.

Quelles tendances et pièces phares émergent pour la saison printemps-été 2026 ?

J’ai été surpris par un léger retour d’intérêt pour le New Tailoring, un segment qui avait connu une période difficilen car positionné sur des prix élevés. Les débouchés étaient rares.

J’ai le sentiment qu’une nouvelle dynamique est en train d’émerger. L’élégance structurée, moderne, technique avec des détails innovants renoue avec la demande, à des prix wholesale allant de 400 à 800 euros. À l’inverse, l’esthétique grunge commence à perdre de son attrait.

Run Credits: WSN

Par ailleurs, pour les précollections féminines, il y a eu un véritable engouement autour du Second Skin (effet seconde peau, ndlr) . Des matières issues de la lingerie, mais détournées pour créer des pièces comme des tanks tops (débardeur sans manches). L’idée est de jouer sur l’effet ultra-proche du corps, tout en y injectant des twists stylistiques.

Avez-vous un talent prometteur ?

H. Lorenzo s’est déplacé pour découvrir la collection féminine « Tattoo Sweaters », proposée par Ttswtrs. Il a également été attiré par l’univers singulier de Larrucci. En revanche, le menswear a suscité un peu moins d’intérêt de sa part.

Coté hommes, la collection The world is your oyster est clairement celle qui a le plus marqué, en grande partie grâce à son thème autour de l’amour, qui a résonné auprès des acheteurs.

Parmi les créateurs de New Tailoring qui ont suscité le plus d’intérêt, on note Steven Passaro, dont les pièces au design affirmé ont séduit de nouveaux clients. Pierre-François Valette a aussi été remarqué pour son approche du tailoring à la fois contemporaine et premium.

Pierre-François Valette et Geoffroy Lauzet Credits: WSN
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